Octobre est le mois d'automne le plus typique, celui où on a l'impression de n'avoir rien d'autre à faire que contempler les jours qui raccourcissent et se plonger dans le cocooning et la lecture. Voici ce que j'ai lu :
- Heart of the Kraken: Tales from Darjee - A.W. Exley
- Anglais
- Numérique - Téléchargé via le StoryBundle Summer Steampunk Bundle
Le mythe de la petite sirène revisité dans un monde de piraterie et de "ferromancie", une magie qui contrôle le métal et le mélange à la chair. Ailin, la petite sirène, a été capturée par des pirates et son destin est d'être sacrifiée à la cruelle impératrice Alise, qui pense gagner le pouvoir de télépathie en mangeant son cœur. Sur le vaisseau pirate se trouve aussi Fenton, "membre" de l'équipage ou plutôt esclave du capitaine, qui le surveille de près car Fenton a le pouvoir de contrôler le Kraken qui rend le vaisseau invincible. Pour les pirates, les sirènes sont des poissons dangereux, et pour les sirènes, les pirates sont des hommes cruels ; pourtant c'est le coup de foudre entre Ailin et Fenton, un amour impossible à qui un ferromancien au grand cœur va pourtant donner une chance. Même si on se doute assez rapidement de la fin, on s'attache fortement aux protagonistes et on a envie de veiller sur eux comme le fait le ferromancien Nancy.
- Gunpowder Alchemy: The Gunpowder Chronicles - Jeannie Lin
- Anglais
- Numérique - Téléchargé via le StoryBundle Summer Steampunk Bundle
Depuis que le ministre Jin Zhi-fu a été décapité pour n'avoir pas pu empêcher la Chine d'être envahie par l'Empire britannique, sa famille vit dans la misère et l'exil. Sa fille Jin Soling, aux abois devant la famine et l'addiction à l'opium de sa mère, se résout à vendre les dernières possessions de son père, mais ce n'est que pour être repérée par les agents du prince héritier, qui rêve de repousser les envahisseurs et qui aimerait remettre la main sur les inventions de Jin Zhi-fu, dont une formule alchimique de poudre à canon capable de faire des miracles. En côtoyant plusieurs anciens disciples de son père dont certains ont pris des chemins très différents, Soling découvrira que la situation est aussi complexe que tendue dans un Empire du milieu qui n'est plus le centre du monde. Son aventure est parfois décousue, mais tient en haleine et constitue une agréable découverte de ce que certains appellent le
silkpunk (version chinoise du
steampunk européen).
- La Fortune des Rougon - Émile Zola
Premier épisode de la célèbre saga des
Rougon-Macquart,
La Fortune des Rougon en pose les bases en racontant l'origine de la famille Rougon et de la famille Macquart (car les deux ont la même origine) dans la petite ville méridionale de Plassans. D'origine paysanne, les Rougon sont obsédés par la réussite sociale et entendent bien profiter du climat politique instable pour faire leur propre coup d'éclat : on évoque en effet la fin du règne de Louis-Philippe, l'éphémère Seconde République et l'ascension du futur Napoléon III. Les Rougon et les Macquart se découvrent tour à tour orléanistes, républicains ou bonapartistes en fonction du vent, et on suit leurs machinations au service de leur ambition malsaine, n'hésitant pas à sacrifier dans l'indifférence générale les seuls membres de la famille ayant conservé un peu d'innocence ou un idéal. Fidèle à sa démarche naturaliste, Zola décrit sans concessions ni sympathie l'arrivisme de la famille et ce qu'il les amène à faire avec l'aide de la lâcheté.
La Fortune des Rougon s'annonce bien comme le point de départ de
Nana (dont la mère Gervaise est déjà évoquée) et d'autres histoires où il y a peu d'innocents et beaucoup de laissés-pour-compte de la société du XIXe siècle.
- Koko - Peter Straub
- Français (traduit de l'anglais par Bernard Ferry)
- Papier
A l'occasion d'une réunion d'anciens combattants du Vietnam, le lieutenant Harry Beevers et ses anciens soldats Michael Poole, Conor Linklater et Anthony "Tina" Pumo décident de se mettre en chasse d'un tueur en série surnommé "Koko". Ses cibles sont des journalistes et des écrivains qui se sont intéressés au massacre perpétré par Harry Beevers et ses hommes dans un village vietnamien dans des circonstances qui demeurent obscures ; ils pensent donc avoir affaire à l'un des survivants de leur unité. Au fil de l'histoire, les identités possibles de Koko défilent : est-il Tim Underhill, qui est resté en Extrême-Orient pour poursuivre une carrière d'écrivain, ou Victor Spitalny, qualifié par certains de "cinglé parmi les cinglés" ? Ce sont aussi les traumatismes des soldats envoyés jeunes à la guerre du Vietnam qui ressortent pendant l'enquête, entre ceux qui revoient sans cesse des enfants massacrés et ceux qui croient avoir encore un combat ou un travail à terminer plus de vingt ans après la guerre. Plus qu'à la recherche de Koko, les protagonistes sont avant tout à la recherche d'eux-mêmes et du véritable sens de leur vie. Après avoir plongé dans leurs doutes et leurs cauchemars, on espère à la fin de l'histoire qu'ils l'ont trouvé, en tout cas cette fin referme bien la page même si elle laisse entendre que certains n'en ont pas tout à fait fini avec le tueur.
- Mystery - Peter Straub
- Français (traduit de l'anglais par Gérard Coisne)
- Papier
Enfant, Tom Pasmore a eu un grave accident qui a failli lui être fatal, avant de s'en remettre miraculeusement. Dévorant des romans policiers pendant sa convalescence, il fait aussi la connaissance de son mystérieux voisin, Lamont Von Heilitz, "criminologue amateur" et sorte de Sherlock Holmes des temps modernes. A l'aide des données rassemblées par Von Heilitz, Tom, poussé par la curiosité, se retrouve à enquêter sur la mort de la riche Jeanine Thielman, étrangement proche dans le temps de celle de sa propre grand-mère. Il découvre aussi les dessous de la société riche à laquelle il appartient sans s'y sentir chez lui, un monde gangrené par la corruption, où des gens qui n'ont aucune valeur sinon celle de leur compte en banque croient qu'ils peuvent tout acheter ou que tout leur est dû (qui a dit Donald Trump ?) et où les secrets de famille les plus inavouables sont cachés sous le voile pudique de la "respectabilité". Un peu moins addictif que le premier tome
Koko,
Mystery se lit comme une histoire quasi-indépendante, où les magnats sont aussi torturés que les combattants du Vietnam mais d'une autre façon. On y devine cependant le fil conducteur de la trilogie, l'écrivain Tim Underhill, qui a écrit un livre sur quelques meurtres sanglants dont il pourrait dire à Tom "c'est arrivé près de chez vous" et où au lieu de "Koko", le tueur signait cette fois... "Blue Rose".
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire