dimanche 31 mai 2020

Lectures de mai 2020

"En mai, lis ce qu'il te plaît", mais encore faut-il prendre le temps de lire : sans les transports en commun, je n'ai plus d'horaires fixes pour la lecture, et la fin du confinement le 11 mai ne m'a pas empêchée de continuer de télétravailler. Voici ce que j'ai quand même pu lire :
  • alt.sherlock.holmes - Collectif
    • Anglais
    • Numérique - Téléchargé via le StoryBundle Twist on Classics Bundle
Dans la lignée de Two Hundred and Twenty-One Baker Streets, trois des auteurs de ce premier recueil reviennent sur leurs écrits et reprennent leurs variations de Sherlock Holmes et de Watson dans trois univers bien différents : celui d'un cirque et d'un freak show itinérant au début du XXe siècle, celui du monde impitoyable des télé-réalités et des telenovelas, et enfin celui de l'Amérique des années 60-70 entre exubérance créatrice d'Andy Warhol et de sa Factory et chasse aux sorcières et aux minorités par le FBI. Sherlock, qui apparaît parfois sous les traits d'une femme ou d'un gay (après tout, sa relation avec Watson a toujours été ambiguë...) navigue dans toutes ses époques et prouve que quel que soit le contexte, il faut toujours savoir observer, écarter ses idées reçues et se préparer à découvrir que les choses ne sont pas comme elles semblent être. Même s'il n'est pas aussi surprenant après avoir lu Two Hundred and Twenty-One Baker Streets, ce recueil reste une très bonne interprétation de Sherlock Holmes jouant parfaitement des personnages holmésiens et des personnages historiques.
  • Darkhouse - Alex Barclay
    • Français (traduit de l'anglais par Edith Ochs)
    • Papier
Ayant pris une année sabbatique après une affaire d'enlèvement ayant mal tourné, l'inspecteur Joe Lucheesi décide de se mettre au vert en Irlande, dans un phare (lighthouse en anglais) que son épouse réaménage. Tout semble bien se passer jusqu'au moment où Katie, la petite amie de son fils, est tuée sauvagement, avant qu'il ne découvre que le meilleur ami (et peut-être amant) du kidnappeur qu'il avait abattu est à sa poursuite et bien décidé à se venger. Entre non-dits, rumeurs prises trop vite pour la vérité et méfiance des Irlandais face aux "cow-boys" américains, il va être difficile pour Joe comme pour les autres de faire éclater la vérité. L'histoire se suit en parallèle de celle de l'enfance traumatisante du tueur, rappelant que les ordures ont souvent commencé comme des humains normaux et avertissant qu'il pourrait aussi ne pas être le plus coupable... pas de thriller sans un bon plot twist.

dimanche 24 mai 2020

Muple et anniversaire des micronouvelles

Quelques nouvelles en bref pour ce mois de mai déconfiné mais pas tant que ça.

Tout d'abord, Moortopia est maintenant disponible sur une nouvelle plate-forme d'écriture, Muple. C'est le premier texte que je publie sur cette plate-forme, à titre expérimental, et si les lecteurs sont au rendez-vous, je publierai d'autres textes, à commencer sûrement par les aventures de l'Alchimiste dont je suis en train de terminer le 6e épisode, Renaissance en enfer. Concernant Moortopia, une petite différence par rapport à la version sur Atramenta est à noter : en raison des limitations de Muple concernant les titres des chapitres, les chapitres intitulés "???" dans la version originale sont intitulés "Peter" dans la version Muple, ce qui, je l'espère, ne changera pas grand-chose.
Couverture de "Moortopia" sur Atramenta et Muple.

Ensuite, le 16 mai dernier, j'ai participé à l'anniversaire des Micronouvelles de @KeoTauteur, qui avaient déjà été l'occasion de sortir deux recueils, sobrement intitulés Micronouvelles et Micronouvelles II. Le principe était un peu différent cette fois, puisqu'il était possible de proposer sa propre image et de faire gagner des lots aux participants.
Je vous laisse retrouver où j'ai proposé mes micronouvelles, je ne sais pas encore si je vais en faire un recueil dédié mais cela me semble peu probable. J'ai proposé ma propre image (inspirée par le fait que le même jour avait lieu un concert acoustique en streaming de Lewis Capaldi, pour l'anniversaire de son premier album Divinely Uninspired to a Hellish Extent) et quelques micronouvelles en ont découlé.
Je n'ai pas gagné de lot, mais j'ai quand même été gagnante dans l'affaire puisque le concours m'a permis d'offrir les Chroniques Nottinger et peut-être de donner l'envie de découvrir L'étrange affaire Nottinger !

mardi 5 mai 2020

Considérer le bien comme "normal" ?

Il ne sera pas question d'écriture aujourd'hui, bien que cet article pourrait donner des idées sur la manière de décrire des comportements.
C'est une tendance que j'ai pu constater à de nombreuses reprises : on a tendance à minimiser les bonnes choses qui nous arrivent ou arrivent plus ou moins autour de nous, à se dire "mais pourquoi dire que c'est bien, c'est quand même le minimum, ce que tout être humain normal devrait faire", voire à considérer les bonnes actions ou les efforts des autres comme suspects ou montés en épingle, avec cette phrase assez typique "il/elle ne veut pas une médaille pendant qu'on y est ?"
Quand bien même certaines bonnes actions seraient intéressées (il est rare d'être totalement désintéressé, même si l'action contient parfois sa propre récompense comme on va le voir plus loin), je pense qu'il ne faut pas considérer systématiquement les choses bien comme "normales". C'est une tendance qu'on nous inculque souvent dès l'enfance à faire remarquer les erreurs et considérer ce qui est bien fait comme "normal", et dont j'essaie de me débarrasser.

D'abord, parce qu'objectivement, non, ce n'est pas normal. On ne vit (malheureusement) pas dans un monde parfait, et tant que ce sera le cas, le bien n'y sera pas plus "normal" que le mal. On espère bien évidemment qu'il est plus répandu, mais cela n'en fait pas la "valeur par défaut".

Ensuite, parce que chacun.e a son propre vécu et sa propre définition du "normal" (et du "parfait" aussi...), ce qui signifie que ce qui est (ou devrait être) normal pour vous ne l'est pas forcément pour quelqu'un d'autre. Cela peut lui demander des efforts que vous ne soupçonnez pas, de se remettre en question ou de sortir de sa zone de confort. Si le seul résultat des efforts en question est de se heurter à des remarques du genre "c'est le minimum quand même", "ce n'est pas assez" ou encore "tu veux une médaille ?", il est fort possible que la prochaine fois, il/elle ne fasse pas tant d'efforts : le résultat sera le même mais en dépensant moins d'énergie. Ce qui, n'en déplaise à quiconque, fait aussi partie du comportement "normal" d'un être humain.
Il ne s'agit pas forcément de demander une médaille pour reprendre l'expression si chère à certain.e.s, mais il y a tout un nuancier entre reconnaître que quelqu'un va dans le bon sens et lui décerner la Légion d'honneur. Dire simplement "c'est bien" participe à ce que les psychologues appellent le renforcement positif : un stimulus positif, agréable, même léger ou symbolique, augmente fortement les chances de répéter un comportement. A l'inverse, un stimulus désagréable ou pas de stimulus du tout ne va pas encourager ce comportement, et peut-être stopper net un effort qui, pour insuffisant qu'il soit, aurait pu être la première étape de quelque chose de plus important. Plutôt que dire "ce n'est pas assez", "c'est la base", essayez de dire "c'est bien, maintenant tu peux aussi essayer de faire ça ou ça, ce sera encore mieux". Aucune médaille à la clé, juste un encouragement à répéter et amplifier un mouvement qui tend à ce qu'au fond, on souhaite, et qu'on ne doit donc pas décourager !

En plus d'être bon pour les autres, ne pas minimiser le bien est bon pour vous aussi. Car à force de ne remarquer ou faire remarquer que le mal et ignorer le bien parce qu'il serait "normal", on finit par tomber dans un biais cognitif où on remarque de plus en plus le mal et où on ignore de plus en plus le bien, et à force, on risque de ne plus voir que le mal, voire de le chercher partout en continuant d'ignorer le bien, dont on n'arrive plus à profiter sans le trouver insuffisant, voire suspect, quand on ne se contente pas de le balayer complètement pour une mauvaise chose qui en contrebalancerait plusieurs bonnes.

Il ne faut jamais oublier que rien dans ce monde n'est complètement bon ni complètement mauvais, et que ne voir que le mal est tout autant une erreur que ne voir que le bien. Les deux doivent être remarqués et utilisés comme des moyens de progresser, chacun à leur manière.
Merci Docteur : "Toute vie est une somme de bonnes choses et de mauvaises choses. Les bonnes choses n'adoucissent pas toujours les mauvaises, mais vice et versa, les mauvaises ne gâchent pas toujours les bonnes, et ne les rendent pas sans importance."