Il ne sera pas question d'écriture aujourd'hui, bien que cet article pourrait donner des idées sur la manière de décrire des comportements.
C'est une tendance que j'ai pu constater à de nombreuses reprises : on a tendance à minimiser les bonnes choses qui nous arrivent ou arrivent plus ou moins autour de nous, à se dire "mais pourquoi dire que c'est bien, c'est quand même le minimum, ce que tout être humain normal devrait faire", voire à considérer les bonnes actions ou les efforts des autres comme suspects ou montés en épingle, avec cette phrase assez typique "il/elle ne veut pas une médaille pendant qu'on y est ?"
Quand bien même certaines bonnes actions seraient intéressées (il est rare d'être totalement désintéressé, même si l'action contient parfois sa propre récompense comme on va le voir plus loin), je pense qu'il ne faut pas considérer systématiquement les choses bien comme "normales". C'est une tendance qu'on nous inculque souvent dès l'enfance à faire remarquer les erreurs et considérer ce qui est bien fait comme "normal", et dont j'essaie de me débarrasser.
D'abord, parce qu'objectivement, non, ce n'est pas normal. On ne vit (malheureusement) pas dans un monde parfait, et tant que ce sera le cas, le bien n'y sera pas plus "normal" que le mal. On espère bien évidemment qu'il est plus répandu, mais cela n'en fait pas la "valeur par défaut".
Ensuite, parce que chacun.e a son propre vécu et sa propre définition du "normal" (et du "parfait" aussi...), ce qui signifie que ce qui est (ou devrait être) normal pour vous ne l'est pas forcément pour quelqu'un d'autre. Cela peut lui demander des efforts que vous ne soupçonnez pas, de se remettre en question ou de sortir de sa zone de confort. Si le seul résultat des efforts en question est de se heurter à des remarques du genre "c'est le minimum quand même", "ce n'est pas assez" ou encore "tu veux une médaille ?", il est fort possible que la prochaine fois, il/elle ne fasse pas tant d'efforts : le résultat sera le même mais en dépensant moins d'énergie. Ce qui, n'en déplaise à quiconque, fait aussi partie du comportement "normal" d'un être humain.
Il ne s'agit pas forcément de demander une médaille pour reprendre l'expression si chère à certain.e.s, mais il y a tout un nuancier entre reconnaître que quelqu'un va dans le bon sens et lui décerner la Légion d'honneur. Dire simplement "c'est bien" participe à ce que les psychologues appellent le renforcement positif : un stimulus positif, agréable, même léger ou symbolique, augmente fortement les chances de répéter un comportement. A l'inverse, un stimulus désagréable ou pas de stimulus du tout ne va pas encourager ce comportement, et peut-être stopper net un effort qui, pour insuffisant qu'il soit, aurait pu être la première étape de quelque chose de plus important. Plutôt que dire "ce n'est pas assez", "c'est la base", essayez de dire "c'est bien, maintenant tu peux aussi essayer de faire ça ou ça, ce sera encore mieux". Aucune médaille à la clé, juste un encouragement à répéter et amplifier un mouvement qui tend à ce qu'au fond, on souhaite, et qu'on ne doit donc pas décourager !
En plus d'être bon pour les autres, ne pas minimiser le bien est bon pour vous aussi. Car à force de ne remarquer ou faire remarquer que le mal et ignorer le bien parce qu'il serait "normal", on finit par tomber dans un biais cognitif où on remarque de plus en plus le mal et où on ignore de plus en plus le bien, et à force, on risque de ne plus voir que le mal, voire de le chercher partout en continuant d'ignorer le bien, dont on n'arrive plus à profiter sans le trouver insuffisant, voire suspect, quand on ne se contente pas de le balayer complètement pour une mauvaise chose qui en contrebalancerait plusieurs bonnes.
Il ne faut jamais oublier que rien dans ce monde n'est complètement bon ni complètement mauvais, et que ne voir que le mal est tout autant une erreur que ne voir que le bien. Les deux doivent être remarqués et utilisés comme des moyens de progresser, chacun à leur manière.
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