S'il fallait que je définisse le genre de mes lectures, j'aurais peut-être un peu de mal à répondre car je suis assez éclectique. Mais le mot "romance" ne serait sûrement pas le premier à me venir à l'esprit.
La romance est un genre qui ne m'attire pas particulièrement, et j'ai sûrement quelques a-prioris sur le sujet : pour moi, la romance sent trop la guimauve. C'est donc à titre purement expérimental que je me suis lancée dans la lecture de La Dernière Duchesse (en anglais The American Heiress, littéralement "L'Héritière américaine") de Daisy Goodwin, qui ne se serait sûrement jamais retrouvé dans ma liseuse s'il n'avait pas fait partie des livres pré-chargés par le fabricant.
L'histoire se situe dans les années 1890, époque où les Etats-Unis sont un véritable eldorado et où des industriels et des financiers américains se constituent d'immenses fortunes qui attirent l'attention de l'Europe, à tous les points de vue : il devient courant pour des nobles européens désargentés d'épouser de riches héritières américaines pour se refaire une fortune.
C'est le destin qui semble promis à la bien-nommée Cora Cash, héritière des farines Cash et la plus riche de toutes les Américaines à marier de son époque. Sa mère, l'ambitieuse Mrs Nancy Cash, a de grands projets pour le mariage de sa fille et souhaite qu'elle devienne au moins duchesse. Cora est d'abord amoureuse de Teddy van den Lynden, riche Américain d'ancien lignage aux ambitions artistiques, mais lorsqu'il décide finalement d'aller étudier l'art à Paris, Cora accepte de suivre ses parents à Londres où sa mère compte bien lui faire épouser un noble anglais en quête d'une héritière. Pourtant, le futur de Cora semble se jouer sur un coup du destin : à la suite d'une malheureuse chute de cheval, elle est recueillie par Ivo Wareham, le jeune et nouveau duc de Maltravers, qui semble avoir le coup de foudre pour elle et lui propose très rapidement de l'épouser.
Mais contrairement aux contes de fées, l'histoire ici ne se termine pas par "ils se marièrent et eurent beaucoup d'enfants". Après un somptueux mariage qui fait la une de tous les journaux, Cora s'installe avec son nouvel époux au château de Lulworth... et s'aperçoit vite que la bonne société londonienne voit d'un mauvais oeil l'arrivée d'une Américaine anoblie, à commencer par sa belle-mère Fanny, la "double duchesse" (car elle a épousé successivement deux ducs), et jusqu'aux domestiques qui n'hésitent pas à manifester leur désapprobation quand la nouvelle duchesse ne respecte pas les convenances anglaises. Lorsque chaque pas qu'elle fait dans la haute société anglaise lui révèle un scandale, une jalousie ou l'animosité de son époux qu'elle n'arrive plus à comprendre, Cora commence à envisager de tout quitter. Mais elle sait que sa famille, pour qui seul compte le fait que leur fille fasse un "beau mariage" et la réputation qui va avec, ne l'aidera pas ; le seul sur qui elle semble pouvoir compter est "l'ami de toujours" Teddy van den Lynden...
Je dois dire que mes a-prioris sur la romance ont trouvé leur maître avec ce livre. L'histoire qui semblait convenue de premier abord se révèle très prenante, et décrit avec brio le monde de la haute société où les réputations se font et se défont au gré des scandales, et celui des nouveaux riches américains qui font la course à ceux qui brilleront le plus. L'histoire d'amour de Cora se double même d'une seconde histoire dans son ombre : celle de Bertha, sa fidèle femme de chambre et la seule domestique autorisée à l'accompagner en Angleterre.
Même la fin, alors que je suis souvent déçue des fins, est bien réussie : sans faire de spoiler, cette fin explique tout, mais de telle manière qu'il demeure dans l'esprit du lecteur l'ombre d'un doute : faut-il, comme Cora, y croire, ou est-ce un nouveau mensonge dont le seul mérite est de lui donner l'illusion du bonheur ?
C'est à vous de juger, peut-être... Cliquez ici pour découvrir le livre sur le site de son éditeur en français !
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