En effet, dans Ludwig Revolution, la célèbre mangaka japonaise Kaori Yuki, auteur de best-sellers comme Angel Sanctuary ou God Child, prend un malin plaisir à démonter les contes des frères Grimm en les prenant à rebours (les héros devenant des méchants) ou en les replaçant dans un contexte décalé. Le fil conducteur de l'histoire est le prince Ludwig ou Louis (Ludwig étant le second prénom de Jacob Grimm) qui parcourt son royaume à la recherche d'une princesse à son goût, c'est-à-dire selon ses propres mots "une bombe à gros seins". Ludwig est loin d'être le prince charmant qu'on se représente, il est dragueur et sadique, et ce penchant est encouragé par le masochisme de ses compagnons de voyage, son valet Wilhelm (Wilhelm Grimm) et la mystérieuse sorcière Dorothéa.
Les princesses qu'il rencontre ne sont pas non plus des figures idéales : ainsi, Blanche-Neige est une femme fatale "au cœur aussi noir que les ténèbres" qui fait assassiner sa propre mère, Raiponce est colérique et ses cheveux attaquent les hommes qui l'ont déçue, Albertina (La petite gardeuse d'oies) fait exécuter la princesse qu'elle accompagnait pour prendre sa place... Ludwig ne tombera d'ailleurs amoureux d'aucune d'entre elles, à l'exception de Friedrike, la Belle au bois dormant (également appelée "Princesse Ronce" d'après le titre allemand du conte) mais les cent ans qui les séparent l'empêcheront d'être uni à elle.
Pour couronner le tout, des assassins apparaissent à la poursuite de Ludwig et sa bande, avec des noms aussi célèbres que le Petit chaperon rouge, ou Hansel et Gretel, et des personnages secondaires plus tordus les uns que les autres, et dont beaucoup en veulent personnellement à Ludwig, se révèlent au fur et à mesure de l'histoire.
Le tout est ponctué de scènes décalées où des allusions à la culture moderne interviennent, où les personnages se rebellent contre la narration ou la commentent avec ironie, avant un final un peu trop embrouillé, malheureusement bâclé par la créatrice qui attendait alors un heureux événement (et qui le reconnaît elle-même dans la conclusion).
Depuis peu, une nouvelle série, Ludwig Fantasy, est née sur les cendres de Ludwig Revolution. Plus ouverte que la précédente, elle voit son premier tome "s'attaquer" à la célèbre Petite Sirène d'Andersen, puis au conte japonais de la Princesse Kaguya qui a également été récemment adapté par les Studios Ghibli.
Détail intéressant pour la culture, beaucoup des contes malmenés par Ludwig Revolution et Ludwig Fantasy sont disponibles à la fin des tomes dans une version un peu courte mais proche de l'original, une occasion de découvrir ou de redécouvrir des contes connus ou plus discrets.
Blanche-Neige et les sept nains vus par Carl Offterdinger à la fin du XIXe siècle [domaine public] ; la version de Ludwig Revolution est loin d'être aussi idyllique... |
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire