J'ai déjà lu plusieurs Stephen King dont Dôme, mais je ne pensais pas en lire d'autres tout de suite ; c'est par hasard que j'ai récupéré La Tempête du siècle, quand le père de mon chéri a décidé qu'il allait faire de la place dans sa cave et notamment se débarrasser des livres dont il ne voulait plus. C'est désormais toute une pile de livres que j'ai à mon tour, et La Tempête du siècle est un des premiers que j'ai lus.
Comme souvent avec Stephen King, l'action commence dans une petite ville tranquille, ici d'autant plus tranquille qu'elle est située sur une île, où vivent seulement quelques familles et où tout le monde se connaît. Et bien entendu, un événement sortant de l'ordinaire va faire craquer ce vernis bien lisse et révéler ce qui se trouve dessous. Cet événement, ce pourrait être la tempête présentée par tous les météorologues comme exceptionnelle, qui fonce droit sur l'île et va obliger les habitants à s'abriter tous ensemble dans le sous-sol de l'hôtel de ville.
Comme si cette promiscuité (déjà un bon facteur de tensions en soi) n'était pas suffisante, un homme inquiétant, André Linoge, vient d'arriver de nulle part, et sa première action est de battre à mort une vieille femme invalide à grands coups de canne. Il est rapidement arrêté et enfermé dans l'unique prison de l'île, mais il pourrait dire avec Rorschach dans Watchmen : "ce n'est pas moi qui suis enfermé avec vous, c'est vous qui êtes enfermés avec moi"... De fait, il semble connaître les pensées et les secrets des habitants, et se révèle ensuite doté d'un pouvoir de manipulation mentale qui les pousse au suicide ou au meurtre. "Donnez-moi ce que je veux et je m'en irai", répète-t-il, mais personne ne sait ce qu'il veut. Quand il se décide enfin à l'annoncer - non sans avoir révélé quelques secrets inavouables au passage - les habitants survivants de Little Tall Island vont devoir faire un choix dont dépendent leurs vies d'un côté et leurs consciences de l'autre.
Plus que Linoge, c'est Michael "Mike" Anderson, constable de la ville, qui est suivi de près par le récit au cours de la tempête. Premier policier de l'île (et accessoirement gérant du supermarché), il se fait une haute idée de la justice et de l'intégrité, ce qui l'amène parfois en conflit avec Robbie Beals, maire de la ville et sorte de Donald Trump local imbu de son pouvoir. Mike est cependant apprécié de ses concitoyens, à commencer par son adjoint "Hatch", pour son honnêteté, mais en arrêtant Linoge et en devenant celui avec qui le mystérieux étranger effectue le premier vrai contact, il se retrouve dans l'oeil du cyclone. Persuadé que le mal ne peut pas l'emporter sur le bien, Mike refuse de céder au cynisme ou au désespoir, ou de faire le moindre compromis avec cet être qui pourrait être un démon, mais finit par se retrouver bien seul dans son combat. Les autres habitants, craignant pour leurs vies et voyant déjà révélées les actions qui leur pèsent sur la conscience, semblent de leur côté prêts à passer un pacte avec le diable, a fortiori s'il s'avère que ce n'est pas eux qui doivent en payer le prix.
Mais une fois la transaction conclue, les choses ne seront plus jamais les mêmes et il sera difficile pour les survivants de se regarder en face, a fortiori face à Mike. Fidèle à ses principes, Stephen King ne fait pas peur juste pour faire peur, il met avant tout en scène un drame psychologique où le monstre n'est que le révélateur, où les belles apparences dévoilent petit à petit les mesquineries et les bassesses de l'âme humaine, et amènent à se demander jusqu'où les personnages - et les lecteurs/spectateurs qui les suivent - seraient prêts à aller pour sauver leur peau, et comment ils vivront avec ce souvenir ensuite : certains bien, d'autres beaucoup moins.
La tempête dont il est question ici ne va pas déchirer que le ciel... - Par mattbuck, CC BY-SA 2.0 [https://creativecommons.org/licenses/by-sa/2.0], via Wikimedia Commons |
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