samedi 18 janvier 2014

J'ai testé pour vous : Les MOOCs

Alors que la France s'enorgueillit de mettre bientôt à disposition de tous des cours en lignes ou MOOCs (Massive Open Online Courses) issus des meilleures facs, et ce malgré la protestation de certains syndicats enseignants, les cours en ligne sont une réalité depuis longtemps dans les universités américaines et britanniques. D'importantes plate-formes regroupent ces cours en ligne pour en faciliter l'accès, dont l'une des principales est Coursera, qui accueille d'ailleurs depuis peu des cours en ligne issus de grandes écoles françaises comme HEC ou l'Ecole Polytechnique.
En l'occurrence, le cours qui m'intéressait n'était pas issu d'une université française mais américaine, University of Michigan, pour un cours intitulé Fantasy and Science-Fiction: The Human Mind, Our Modern World (les lecteurs réguliers de mon blog ne s'étonneront pas de reconnaître mes goûts...)
Pour ceux qui pensent que "cours en ligne" équivaut à se tourner les pouces, ce cours suffirait à vous détromper. Ce n'est pas le cas de tout ce qui est proposé sur la plate-forme, mais la page d'accueil du cours indique une charge de travail d'au moins 8 heures par semaine, et il y a effectivement du travail à fournir. Bien sûr, il reste possible de se contenter de regarder les explications en vidéo du professeur (et elles sont nombreuses, à elles seules elles occupaient facilement 3 ou 4 heures par semaine), mais cela ne suffira pas pour que le cours soit considéré comme réellement suivi. Les MOOCs ne sont pas forcément passifs, ils demandent de la participation, en l'occurrence lire le livre de la semaine et écrire un petit texte sur le sujet. Et le travail ne s'arrête pas là : une fois que l'on a envoyé son texte via l'interface de la classe, il faut évaluer ceux des autres participants. La note donnée par les autres étudiants ou peer review a beaucoup d'importance ; même si le professeur a la décision finale sur la note, dans la pratique (ou du moins pour mes textes) il y a très peu d'ajustements.
D'une manière générale, le cours accorde beaucoup d'importance aux interactions entre étudiants, non seulement avec cette peer review mais aussi par l'intermédiaire des forums de discussion. Cependant les forums en question contenaient beaucoup de questions des étudiants à l'équipe éducative et peu de réponses de cette dernière, ce qui générait un peu de frustration de leur part.
Globalement, le contenu du cours était très intéressant, et même si je connaissais certaines des oeuvres abordées, la méthode m'a permis de les aborder sous un angle inédit ; et pour d'autres, ça a été l'occasion de les découvrir. Cependant, malgré les avantages des contenus accessibles en ligne n'importe quand, un cours avec une telle charge de travail est difficilement compatible avec un emploi à plein temps, ce qui m'a conduite à rater deux semaines sur les onze : l'une où j'ai fait la lecture mais pas le texte, et l'autre où je n'ai même pas pu faire la lecture (mais j'ai lu le roman par la suite, c'était The Left Hand of Darkness par Ursula K. LeGuin).
J'ai quand même eu la joie de recevoir mon certificat de participation avec un score de 70,2%. Il n'a aucune valeur officielle, mais indiquer sa participation à des cours en ligne peut servir à démontrer un intérêt pour la formation continue. Et pour ceux qui sont vraiment motivés, Coursera propose également pour certains de ses cours une version Signature Track, payante et un peu plus contraignante, mais qui permet cette fois de recevoir un certificat officiel de l'université partenaire.
En tout cas, l'expérience a été bonne, et je pense suivre un nouveau cours en ligne parmi ceux de la liste de suivi, mais avec moins de charge de travail... et peut-être pas tout de suite.

Un ancêtre des MOOCs dans les années 1960 en Australie ? "Class Via Radio", Premier's Department, State Public Relations Bureau, Photographic Unit [Public domain], via Wikimedia Commons

samedi 4 janvier 2014

Deux romans de Gaston Leroux à lire

Gaston Leroux (1868 - 1927) est principalement connu pour son célèbre Fantôme de l'Opéra, et pour les aventures de Rouletabille qui commencent avec le Mystère de la chambre jaune. Mais ce ne sont pas les seuls romans de ce prolifique auteur français, et j'en ai lu récemment deux que j'aimerais faire partager, La Poupée sanglante et La Machine à assassiner. Deux romans qui n'en font en réalité qu'un seul, paru sous forme de feuilleton dans le journal Le Matin en 1923 avant d'être édité en 1924.
L'histoire commence dans un microcosme de quelques maisons de l'Île Saint-Louis à Paris, où on suit le relieur Bénédict Masson et ses voisins, en particulier le vieil horloger Norbert et sa famille qui semblent se livrer à d'étranges travaux ayant plus ou moins de rapport avec le mouvement perpétuel. Pour Bénédict, cependant, le principal intérêt de la famille Norbert est Christine, la fille de l'horloger, dont il est amoureux. Mais tout semble s'y opposer, d'abord parce que Bénédict est laid à faire peur (ce qui n'est pas sans rappeler le Fantôme de l'Opéra, qui était lui aussi amoureux d'une Christine...), ensuite parce que Christine est fiancée à son cousin Jacques, un brillant médecin, ce qui ne l'empêche pas de recevoir dans sa chambre un mystérieux jeune homme muet nommé Gabriel.
Mais ce qui pourrait de prime abord ressembler à un vaudeville parisien se charge vite de mystère, avec l'apparition du marquis de Coulteray qui engage Bénédict et Christine à son service : la rumeur dit que cet homme est un vampire, et sa femme affirme d'ailleurs en être la victime. Incapable de protéger cette femme ni d'obtenir Christine, Bénédict décide finalement de se retirer dans sa maison de campagne, proche des terres du marquis, où il est accusé de nombreux meurtres et condamné à mort sans qu'on sache s'il est coupable ou non.
C'est là que débute la seconde partie, La Machine à assassiner, où malgré un mélange de points de vue qui rend la narration un peu plus confuse (La Poupée sanglante, pour sa part, suivait de près le point de vue de Bénédict Masson), on assiste à une nouvelle aventure qui flirte avec la science-fiction, le personnage principal de cette partie étant un véritable cyborg avant l'heure. En même temps, le roman garde un style bien ancré dans celui des feuilletons du début du XXe siècle, avec des allusions à "la" technologie d'avant-garde du moment : la radiothérapie, et en particulier l'utilisation du radium que l'on croyait alors source de vie.
Si vous voulez vous aussi vous plonger dans l'aventure, les deux romans sont disponibles gratuitement et sans DRM aux adresses suivantes :