vendredi 30 juin 2017

Lectures de juin 2017

En juin, les jours sont les plus longs, et cela permet d'avoir plus de lumière pour lire. Voici ce que j'ai lu en juin :
  • All These Shiny Worlds - Collectif
    • Anglais
    • Numérique - Bonus du StoryBundle Immerse Or Die Bundle
Immerse Or Die est un défi lancé aux livres "indépendants" de l'imaginaire de faire s'immerger le plus vite possible le lecteur dans leur univers. Pari réussi pour ces quelques nouvelles qui nous emmènent successivement sur des mers hantées par des monstres géants, dans les griffes d'une impératrice qui utilise des boissons piégées pour amener à elle de loyaux serviteurs, ou dans un monde qui pourrait être le nôtre mais où certains voient des créatures d'autres dimensions... A une époque où la réalité rejoint la fiction dans notre monde, ceux-là méritent le voyage.
  • The Backworlds 1 - M. Pax
    • Anglais
    • Numérique
Les "Backworlds" sont un ensemble de planètes oubliées de tous, où des mutants humanoïdes rivalisent de ruses et de coups tordus pour survivre. Expulsé de son monde natal "grâce" à son propre père, Craze cherche un moyen facile de faire fortune, ce qui le conduit tout droit dans un trafic d'armes interdites. Mais il a de la chance dans son malheur, car cela lui permet de s'embarquer avec deux hommes-oiseaux (aviarmen) devenus ses amis dans un vaisseau qui va sillonner les Backworlds à la recherche du monde où ils pourront s'établir. Cependant les Foreworlds, mondes plus avancés et coupés des Backworlds suite à une longue guerre, ont encore des projets pour ces planètes et leurs habitants... Cette aventure riche en voyages spatiaux, en trahisons et en amitiés viriles, qui rappelle parfois Cobra par son ambiance, a le seul défaut d'être trop courte (heureusement qu'elle était livrée avec un extrait du tome 2 !) et donc de laisser sur sa faim comme beaucoup de premiers tomes.
  • Promesses aveugles - Audrey Magee
    • Français (traduit de l'anglais par Laure Manceau)
    • Papier - Challenge de juin 2017 de la box Once Upon A Book
Dans l'Allemagne nazie en pleine Seconde Guerre mondiale, Peter Faber, soldat, et Katharina Spinell, dactylo, acceptent un mariage arrangé, l'un pour y gagner une permission, l'autre espérant une pension de veuve de guerre pour améliorer le quotidien de sa famille. Petit miracle, les nouveaux époux se plaisent et un enfant est conçu pendant la parenthèse enchantée de la permission. Mais en même temps, la famille de Katharina (et Peter par la même occasion) se rapproche des milieux nazis grâce au généreux et respectable Dr Weinart. Ils profiteront sans arrière-pensées des spoliations des Juifs et de l'arrivée de travailleurs forcés russes... jusqu'au jour où, Peter faisant partie de la débâcle de Stalingrad où la plupart de ses camarades perdent la vie ou la raison, tout le monde se détourne de la famille de Katharina qui n'a pas droit à la pension tant espérée. Rien n'est épargné ni aux personnages ni au lecteur, l'histoire nous parle successivement de la Shoah, des soldats revenus brisés des combats auxquels ils ont participé, de la boucherie de Stalingrad, des viols en temps de guerre, et par-dessus tout de l'égoïsme qui s'empare de tous ceux qui sont confrontés à la barbarie de la guerre et du nazisme de près ou de loin, et qui finissent par se persuader que la vie de "l'autre" compte moins que la leur. Et le livre nous rappelle surtout, très crûment, que dans une guerre il y a beaucoup de perdants, et surtout peu d'innocents. Vous pouvez voir tout ce qui a été dit sur ce livre sur le blog du challenge Once Upon A Book.
  • The Book of Deacon - Joseph R. Lallo
    • Anglais
    • Numérique - 1ère partie de The Book of Deacon Anthology
Dans un monde en guerre depuis si longtemps que la plupart ont oublié la raison de cette guerre mais pas l'idée qu'il faut absolument la gagner, Myranda Celeste est une orpheline qui refuse de se battre, ce qui fait d'elle une paria à qui tout le monde ferme sa porte. Un jour, essayant de ramasser une épée sur un soldat mort, elle voit une marque se graver dans sa main, et cette marque semble attirer l'attention des personnages les plus importants et les plus inquiétants, comme un mystérieux assassin ou les bataillons d'élite de l'armée du Nord. Son salut ne tient qu'à la découverte d'Entwell, une cité secrète à l'écart de la guerre où elle fera l'apprentissage des arts de la magie et du combat, et le choix de ne pas y rester en paix quand la possibilité de mettre fin à la guerre lui semble à sa portée. Un véritable roman d'apprentissage à la tonalité pacifiste, dans un univers de fantasy classique "à la Donjons & Dragons" mais toujours dépaysant, qui encore une fois se termine abruptement, mais même l'auteur le reconnaît (faute avouée est à moitié pardonnée).
  • Demain les chats - Bernard Werber
    • Français
    • Papier
De la déesse-chat de l'ancienne Égypte, Bastet n'a d'abord que le nom, mais cette chatte de maison noire et blanche en apparence banale découvre la réalité du monde qui l'entoure grâce à Pythagore, un siamois ex-cobaye de laboratoire et capable de tout apprendre sur Internet. Ensemble, ils auront beaucoup à faire pour sauver leurs "serviteurs" humains de la guerre et de la peste qui viennent ravager le pays. Le point de vue des chats, toujours très philosophes de par leur capacité à méditer pendant des heures, apporte un éclairage inattendu à une histoire à la trame de fond apocalyptique, mais a tendance à se disperser et à finalement diluer un peu trop l'histoire dans de longs exposés sur l'origine des félins (seraient-ils aussi égocentriques que les humains ?).
  • The Great Convergence - Joseph R. Lallo
    • Anglais
    • Numérique - 2e partie de The Book of Deacon Anthology
Les choses s'accélèrent pour Myranda Celeste. Alors qu'elle aurait pu rester vivre en paix à Entwell, elle se lance à la poursuite des "Élus" qui seraient capables de mettre fin à la guerre, persuadée que son devoir est de les réunir. Mais l'un d'eux refuse son destin, une autre refuse l'aide d'une créature inférieure, et ceux qui restent sont introuvables. Pour ne rien arranger, les Élus sont poursuivis par les généraux de l'Alliance du Nord, des êtres pas tout à fait humains qui veulent prolonger éternellement la guerre et le chaos, contre l'avis même du roi du Nord lassé de cette guerre sans fin. Batailles entre eux et contre les généraux du Nord seront le quotidien des Élus, et Myranda elle-même manquera d'y perdre la vie. Entre des "méchants" très méchants et des "gentils" incapables de travailler ensemble, la tension est palpable tout au long du récit, pour s'achever encore une fois sur un cliffhanger inattendu dont on espère voir la résolution dans le tome suivant.
  • Le Cousin Pons - Honoré de Balzac
    • Français
    • Papier
Parent pauvre d'une famille de vicomtes et de magistrats parvenus, Sylvain Pons, musicien et amateur d'art et de brocantes, vit sans vraiment le savoir assis sur une fortune en tableaux et objets d'art. Dès que cette fortune secrète sera connue, une armée de vautours, allant de sa propre concierge jusqu'à sa famille qui refusait par orgueil de le recevoir, se déploiera pour obtenir sa part du gâteau, en dépouillant au passage le seul ami véritablement fidèle et dévoué du "cousin Pons" et le seul que ce dernier voulait coucher sur son testament. Peintre sans concessions des bassesses humaines, Balzac livre dans le détail la description de toutes les ruses et les traîtrises dont ses différents personnages font preuve pour satisfaire leur voracité et leurs ambitions, en se cachant à peine leur intention d'accélérer la mort de Pons et la distribution de l'héritage, pourvu que celle-ci soit en leur faveur, la fin justifiant les moyens à leurs yeux.

lundi 12 juin 2017

Je suis rassurée (ou pas)

Oui, je suis rassurée, dans le sens où je me disais parfois que la manière dont je décris des entreprises dans mes romans et nouvelles est caricaturale, mais je viens de trouver ce post de blog par Boris Schapira qui me démontre que je suis en fait bien au-dessous de la vérité.
Pourtant, dans les entreprises où j'ai travaillé, j'ai vu un certain nombre de choses bizarres (et dont je ne me suis pas gênée pour m'inspirer dans mes textes), mais cette entreprise, quelle qu'elle soit, les cumule. On a donc un patron complètement égocentrique, qui s'octroie un bureau énorme, avec une antichambre s'il vous plaît, mais qui ne parvient pas à cacher qu'il est incompétent (et je laisse le "in" et le "pétent" pour rester polie), le "vrai" travail étant fait par sa secrétaire, qui va même jusqu'à lui lire ses e-mails parce qu'il en serait incapable, le tout alors que la pauvre est loin d'avoir un bureau, et sans doute un salaire, à la hauteur du travail qu'elle fournit.
Ajoutez à cela des cadres visiblement en roue libre et une absence totale de communication entre le patron et le reste de l'entreprise, et la consternation est parfaite. Je ne suis pas si rassurée que cela, finalement.
Je me suis d'ailleurs toujours demandé comment des gens peuvent être à ce point terrorisés de parler à leur patron. La peur de se faire virer ? Mais leur entreprise cumule tellement les tares qu'ils n'auront aucun mal à trouver mieux ailleurs ! Qu'il leur fasse une mauvaise réputation ? Vu qu'il est à peine capable d'envoyer un MMS, les dégâts devraient être limités...
Mais puisque la réalité est à ce niveau-là, essayons de pousser les choses plus loin et d'imaginer une entreprise fonctionnant entièrement... à l'insu de son patron.
Puisqu'il est incapable de lire ses messages et compte sur quelqu'un d'autre pour le faire, la secrétaire pourrait être complice, et omettre ou déformer volontairement les messages importants. D'autant plus que, bien entendu, toutes les communications passent par elle pour ne pas déranger le grand patron si occupé (on se demande à quoi, mais là n'est pas la question). Et puisque le reste des salariés n'ose pas parler au grand patron et que le grand patron trouve cela normal, ils n'auraient plus qu'à garder le silence volontairement, et travailler à tout autre chose en produisant de temps en temps des rapports (qui ne seront de toute façon pas lus, ou tout juste survolés).
Jusqu'au jour où un article, à la une des journaux ou dans la rubrique des faits divers, relatera l'arrestation du dirigeant d'une entreprise qui trempait dans des affaires d'escroquerie ou autre. Le patron, pourtant légalement responsable de ce qui se passe dans son entreprise, affirmera ne jamais avoir été mis au courant...
Tout cela pourrait se passer dans la réalité. Mais je suis rassurée : la fiction le racontera toujours mieux.
Attention, cette entreprise abrite, à l'insu du patron, une plaque tournante de la mafia locale ! (Ou pas !) - Par Pafcool2 (Travail personnel) [Domaine public], via Wikimedia Commons - PS : vive la liberté de panorama qu'on n'a pas en France...