jeudi 7 février 2019

Comment je me mets à écrire un roman

Je ne suis pas sûre qu'on m'ait explicitement posé la question, mais je sais que certaines personnes ont indiqué être intéressées par un article à ce sujet, je vais donc essayer de résumer la manière dont je me mets à écrire un roman.
Vaste question à vrai dire, la méthode n'étant pas immuable et ayant quelque peu évolué avec le temps. Il y a pourtant en général 3 étapes que j'ai suivies sur la plupart de mes projets récents :

L'impulsion initiale
C'est le Big Bang originel, la première étincelle qui va mettre le feu à tout le reste. Plus discrète que le Big Bang (heureusement) elle se manifeste sous différentes formes parfois simples et parfois beaucoup plus polymorphes.
Dans le cas de L'étrange affaire Nottinger, je peux retracer son origine à un rêve dans lequel un jeune homme nommé "Nottinger" (je ne saurais plus dire si son prénom y était dit ou non) était mort et se manifestait uniquement dans des rêves. Oui, il y avait des rêves dans les rêves là-dedans, à la manière d'Inception.
L'impulsion peut également se manifester de manière bien plus discrète : ainsi pour Dernière Course, je ne me souviens réellement plus de ce qui m'a poussée à me lancer dans cette histoire de cyborg et de course automobile. Peut-être qu'une accumulation d'informations à la fois sur les projets d'implants cérébraux, sur les voitures électriques et d'autres choses, à force de devenir de plus en plus dense, a provoqué une réaction spontanée d'où a jailli l'idée de Dernière Course.
Le plus intéressant à mon goût, cependant, reste l'étincelle dite "composite". C'est ainsi que s'est présentée l'idée de Retour à Gerolstein, un roman que je n'écrirai peut-être jamais, mais que je trouve intéressant de citer, car son idée est née de la collision entre un tableau soviétique de 1945 et le jeu de société Scythe qui met en scène des mechas dans une pseudo-Russie steampunk. Le nom de Gerolstein a été ajouté plus tard en hommage à deux classiques du XIXe siècle, Les Mystères de Paris et La Grande-duchesse de Gérolstein.
L'un des éléments ayant participé à cette idée : "Gloire aux héros tombés au combat", Fyodor Bogorodsky, 1945 [Droits réservés]
... Non, ce n'est pas Benedict Cumberbatch sur le tableau. Non, ce n'est pas Peter Capaldi non plus.

La germination et la trame originelle
Une fois l'idée de départ apparue, commence une seconde phase dans laquelle elle tourne en rond dans ma tête, en s'enrichissant au passage de différents éléments supplémentaires qui se mettent en place en "tâche de fond". Elle peut se déclencher plus ou moins longtemps après l'idée elle-même, et sa durée varie également. Il y a de la réflexion, mais le plus gros du "travail" est composé d'associations d'idées plus ou moins conscientes, qui peuvent même se faire pendant que je dors. C'est peut-être l'étape la moins visible de toutes, mais c'est la plus importante, comme le temps d'infusion d'un thé ou de maturation d'un vin : si je la néglige ou si je la termine trop vite, ça n'aura aucune consistance !
A un certain stade, mais pas toujours (ce n'était pas le cas dans L'étrange affaire Nottinger), je sors mon moleskine et je commence à noter le gros de la trame du roman à la main. Cela peut se faire plus ou moins rapidement, en une ou plusieurs étapes. Dans certains cas, comme La Vierge de métal, il n'y a pas de trame mais plusieurs notes sur les forces en présence, l'univers ou les personnages. Je peux revenir dessus si une nouvelle idée s'ajoute ou si après mûre réflexion, un élément finit par tourner différemment.
Parfois, je note aussi des passages entiers (courts) du futur roman, ce qui marque généralement (mais pas toujours) une étape importante, celle où il commence à être temps de passer à l'étape suivante.
C'est le moment de prendre quelques notes ! - Par Petar Milošević [CC BY-SA 4.0  (https://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0)], via Wikimedia Commons

Le début de l'écriture 
Et voilà l'étape finale, celle de l'écriture proprement dite. Le plus difficile dans cette étape est de la commencer : il peut se passer un temps non négligeable entre la fin de la précédente et le début de celle-là. Il faut d'abord m'assurer (ou me convaincre) que ma trame et mes notes préliminaires sont suffisantes pour me lancer dans un projet dont j'ai une chance de voir la fin, et ensuite... m'y mettre.
Là où la première étape demandait de la chance pour avoir une étincelle sortie un peu de nulle part, celle-ci demande un vrai effort de volonté pour décider qu'à un moment donné, je vais mettre de côté toute autre activité dans laquelle je pourrais me lancer, et me poser devant mon ordinateur pour ouvrir LibreOffice (plus pratique pour jongler entre des ordinateurs sous Linux Ubuntu et d'autres sous Windows) et commencer à écrire la première phrase d'un futur nouveau roman, comme celle-ci par exemple...

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire