lundi 15 juillet 2019

Pourquoi je ne continue plus l'édition à compte d'éditeur

Ceux qui me connaissent le savent, je suis éditée à compte d'éditeur pour deux de mes romans, Le don d'Osiris et L'étrange affaire Nottinger. L'édition à compte d'éditeur, c'est une chose dont beaucoup d'écrivains rêvent, et qui dans mon cas, est arrivée un peu par hasard, au gré des rencontres sur Twitter qui ont fini par me mettre en contact avec quelqu'un qui cherchait des manuscrits. C'est ainsi qu'a été publié en 2015 Le don d'Osiris, et trois ans plus tard, L'étrange affaire Nottinger.

Autant le dire tout de suite, je ne regrette absolument pas de m'être engagée là-dedans. Il y a eu des hauts et des bas, de longues périodes d'attente, des moments d'angoisse et de doute, mais aussi beaucoup de bons moments, des rencontres sympathiques, des brunchs improvisés en parlant de films très particuliers et des défis sur des coins de table pour savoir si la poésie de SF est possible.
Tout cela est bien, mais il n'y a pas que du bien et il arrive parfois un moment où le bon ne parvient plus à contrebalancer le mauvais. Ce moment, on croit toujours qu'il n'arrivera jamais, puis le refus de Moortopia le fait soudain apparaître à l'horizon et rappeler son existence, puis au fil du temps, lentement mais sûrement, l'enthousiasme s'étiole, les mauvaises choses que j'avais jusque-là réussi à ignorer reviennent, jusqu'à ce que je parvienne à cette conclusion triste mais malheureusement sans appel :
Quand je propose un livre à la publication, ça se termine soit par un refus, soit par un livre qui ne se vend pas.
Dans les deux cas, le résultat ne vaut pas les efforts investis.

Je n'ai pas de meilleurs mots pour résumer cela que ceux de Tegan Jowanka au Cinquième Docteur dans Doctor Who : "It has stopped being fun." C'est une belle aventure et je ne la regretterai sûrement jamais, mais je ne me sens pas capable de continuer. L'enthousiasme des débuts est retombé et fait place à la lassitude. Je suis lasse de voir qu'un ouvrage chasse l'autre et qu'au bout de quelques mois plus personne ne parle du mien (surtout qu'on n'en parlait déjà pas beaucoup à ses débuts), lasse des salons où j'attends des heures derrière un stand désert, lasse de ne pas me sentir à ma place dans le milieu de l'édition où je ne connais pratiquement personne, lasse de sourire à des journalistes qui vont se moquer de mon livre dans leur prochain numéro.

C'est pourquoi, et jusqu'à nouvel ordre, je ne proposerai plus de nouveau livre à des éditeurs. Mes contrats en cours continuent évidemment d'être effectifs, mais il n'y en aura pas d'autres. J'ai proposé Moortopia à un autre éditeur en début d'année, mais je ne me fais pas d'illusions, maintenant je connais le métier : s'il n'y a pas eu de réponse au bout de trois ou quatre mois, il n'y en aura jamais.

Cela ne signifie pas que je vais m'arrêter d'écrire. Je vais peut-être, tout simplement, me recentrer sur InLibroVeritas et Atramenta, où Alva & Eini est toujours en vente (sous forme numérique uniquement). Je suis consciente que je ne vais pas y gagner, voire que selon mes options je vais y perdre, de l'argent, mais ce que j'ai gagné jusque-là était de toute façon trop faible pour avoir une quelconque importance. Il est possible que Moortopia, puis peut-être Dernière Course, soit bientôt publié là-bas de manière payante ou gratuite.

Cette annonce n'appelle pas forcément de réactions, et je sais bien que le départ d'une autrice que personne ne lit ne va pas déclencher de mouvements de foule. Cependant cela avait besoin d'être dit, pour pouvoir enfin mettre des mots sur ce que je ressens et tourner la page, en attendant d'écrire un nouveau chapitre, suivi peut-être par d'autres plus tard.
La fin du voyage... ou une pause en attendant le prochain ? - Par Caspar David Friedrich [Domaine public], via Wikimedia Commons

2 commentaires:

  1. Comme je te comprends... Et puis le kif de pouvoir tout maitriser de A à Z, de la couverture à la date de publication... Certes, ça coute un peu plus cher mais au moins tu sais que si tu vends ou si tu vends pas, il n'y a qu'une personne à qui en vouloir : toi. C la raison pour laquelle j'ai mm pas envoyé mon 3ème roman aux ME.
    Après pour l’obsolescence du roman une fois 3 mois passés... Bon courage pour continuer à le faire vivre "toute seule".
    Enfin dans tous les cas bon courage !

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  2. Une notoriété d'auteur (ou d'autrice) ne s'installe pas en 3 mois. Ni 3 ans (ou rarement). Si ton critère est "seulement" d'être lue, tu baisses les bras peut-être bien 5 années trop tôt... nul n'est devin, bien évidemment! Mais je t'encourage à persévérer, quelle que soit la voie choisie!

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