lundi 21 mars 2016

Une réflexion Actuelle

La Science-Fiction est la meilleure gymnastique de l'esprit moderne. Pendant trois ans de sa vie, chacun d'entre nous devrait dévorer de la Science-Fiction au kilomètre. C'est comme le polar ou la bédé, ces récits façonnent aujourd'hui notre vision du monde. La SF ouvre les portes de l'imaginaire, joue avec la combinatoire des futurs possibles ou impossibles, fait travailler le cerveau droit, celui de l'intuition et du prophétisme, familiarise avec les grands déferlements et les grands changements.
(...)
Aujourd'hui, dans notre génération, il n'y a plus une seule personne qui n'ait été exposée à la SF, que ce soit par le biais de Starwars ou par celui des jeux vidéos. Et pourtant, nous en connaissons plus d'un qui considère encore la SF comme un genre mineur. Ils ont dû être rebutés par l'excès d'imagination ou par les visions chaotiques. A ceux-là nous disons : vous jugez vite, tout est affaire de tri.
Ces mots semblent bien décrire la situation de la science-fiction en France de nos jours. Pourtant, ils datent de 1984. Je les ai retrouvés dans Histoires de Science-Fiction, un hors-série de la Grande Anthologie de la science-fiction éditée au Livre de Poche à partir de 1966. Le volume qui nous intéresse servait de supplément gratuit à un numéro du magazine disparu Actuel. A l'intérieur, après cette préface (signée seulement Actuel), figurent huit nouvelles de science-fiction signées uniquement de grands noms comme Ray Bradbury, Arthur C. Clarke ou Fredric Brown. Uniquement des noms américains, malheureusement aucun Français à l'horizon, mais une vitrine pour permettre même aux néophytes d'avoir un aperçu de la science-fiction et de sa richesse.
Trente ans après, il est malheureux de dire que rien n'a changé. La science-fiction souffre toujours du mépris d'une bonne partie du public qui n'hésite pas à dire que ce n'est pas de la "vraie" littérature ;  cela dit, si la "vraie" littérature consiste à lire les atermoiements de pseudo-érudits qui se regardent le nombril, je ne vois pas de honte à avouer que je préfère la "fausse"... Et pour ceux qui trouveraient que cette dernière phrase est un jugement hâtif, sachez que pour moi elle ne l'est pas plus que de mépriser la science-fiction parce qu'elle est telle qu'elle est.
Et accessoirement, Starwars est là aussi pour servir de vitrine blockbuster à la science-fiction, avec un épisode VII qui reprend tous les codes du IV.
Pourquoi renvoyer sans cesse la science-fiction dans les cordes de la "littérature de genre", qu'on réserverait aux enfants, aux geeks et à tous ceux qui seraient incapables d'apprécier une bonne littérature traditionnelle ? Celle-ci se sentirait-elle menacée ? Car la science-fiction s'est aventurée dans des endroits où la littérature "blanche" ne se rendrait jamais. Comme le dit la suite de la préface :
La SF parle de tout et extrapole nos époques. Elle prévoit ou explore les bouleversements à venir. Chaque grande mutation a été précédée par une vague de SF, Wells et Jules Verne (note personnelle : un auteur considéré aujourd'hui comme un classique bien qu'il soit aussi le grand-père de la SF actuelle), Orwell et Arthur Clarke, Vonnegut et Philip K. Dick ont, chacun en leur temps, poussé les hypothèses de leur époque. Technologie qui sauve l'humanité, envolées vers le cosmos, mais aussi drogues et psychologies tordues, robots qui deviennent fous.
Quand on a lu de la SF, on garde l'esprit ouvert aux multiples possibles, aux règles qui déraillent, aux buts qu'on oublie lors de l'action. La SF est une école de l'impensable.
Avant de conclure :
Pour quitter la crise d'un jet de tuyère, ou plonger dedans à bras-le-corps, rien de tel que cette SF-là qui ne doute de rien et qui fait rire de nos peurs.
Des mots qui résonnent peut-être encore mieux de nos jours que dans les années 1980, où la tendance générale était encore à l'optimisme, et où les problèmes que nous rencontrons à notre époque relevaient encore... de la science-fiction.

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