Affichage des articles dont le libellé est coup de gueule. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est coup de gueule. Afficher tous les articles

jeudi 20 mars 2025

Ohé ohé, Capitaine abandonné ?

 (Spoiler : pas encore...)

Capitaine Quantum a décollé le 18 mars 2022 dans la galaxie Vivlio Stories. Un décollage plein d'espoir dans la lignée d'Orgone Tour qui l'avait précédé. Quelques lecteurs et commentaires positifs au rendez-vous, et déjà des idées qui germaient pour de futures prochaines saisons.

Le Capitaine Quantum de l'idée originale.

En 2025, l'atterrissage est brutal. Pas inattendu, cependant : cela faisait déjà longtemps que Vivlio Stories donnait des signes de faiblesse. Partie d'une grande visio-conférence entre les responsables et les auteurs, la communication s'est ensuite muée en une newsletter mensuelle, puis une newsletter mensuelle en retard, puis plus de newsletter du tout. C'est au hasard d'une conversation à propos d'une éventuelle nouvelle saison de Capitaine Quantum que je découvre que les "coachs" qui nous aidaient à mettre au point nos séries ne travaillaient plus pour Vivlio Stories. Quant à la soumission et à la publication de nouvelles séries, elle semble bloquée pendant longtemps, et encore plus pour les séries relevant de l'imaginaire.

Et enfin, on apprend que ce 31 mars 2025, c'est terminé. L'abonnement façon "Netflix de la littérature" n'a pas réussi à attirer suffisamment de lecteurs, malgré la reprise par Vivlio (dont je commence à me demander s'ils ont vraiment soutenu le projet, vu comme il a vite commencé à décliner).

Cependant il reste Vivlio Studio, autre branche du groupe qui fait des e-books plus "classiques". Depuis déjà un moment, le transfert des séries de Vivlio Stories en e-books Vivlio Studio s'est fait progressivement, et au début du mois de novembre 2024, après une très longue attente, c'est enfin le tour d'Orgone Tour de bénéficier de la conversion. J'espérais que tôt ou tard, Capitaine Quantum allait suivre.

Mais en février 2025, c'est la douche froide. Avec l'arrêt annoncé de Vivlio Stories, j'apprends que Capitaine Quantum ne fera pas partie de la collection Vivlio Studio. Pire : visiblement Orgone Tour a bien failli ne pas en bénéficier non plus, et n'a pu monter dans le train que parce qu'il a sauté au dernier moment avant que les portes ne se referment. Les genres de l'imaginaire sont une niche, il y a trop d'auteurs et trop de textes pour trop peu de lecteurs, pas d'autre choix que de laisser sur le carreau les auteurs qui vendent le moins. Et bien entendu, j'en fais partie, et sûrement en bonne position. C'est loin d'être un scoop, mais ça fait toujours mal de le rappeler.

Faut-il pour autant se lamenter ? Non. Peut-être qu'il est enfin temps d'en tirer du positif. Après tout, si quelqu'un qui fait son autobiographie sur Wikipédia peut écrire quelque chose comme "ce livre, même s'il n'a pas trouvé son public, marque cependant une étape décisive dans sa carrière" alors que son livre a fait un bide encore plus monstrueux que les miens, je devrais pouvoir faire de même. Capitaine Quantum n'a pas trouvé son public sur Vivlio Stories, mais le vieux pirate de l'espace est loin d'être mort. D'abord parce qu'il a déjà trouvé un nouveau souffle en apparaissant dans les aventures de l'Alchimiste La croisière abuse et La planète menace, ensuite parce que comme l'Alchimiste, il va voir ses aventures publiées sur Atramenta. Et cette fois, vous n'aurez plus l'excuse du prix ou de l'abonnement pour ne pas le lire, alors j'espère qu'il y aura du monde au rendez-vous !

Le Capitaine et Phan par Lana Banana.

Et il y a mieux. Même en me doutant bien qu'elle ne figurerait jamais sur Vivlio Stories, je me suis lancée dans l'écriture d'une nouvelle saison des aventures du Capitaine et de sa copilote Phan, et elle est presque terminée. Après la première qui va être publiée sous le nom Capitaine Quantum : L'Œil de la Déesse, cette nouvelle saison arrive bientôt sous le titre Capitaine Quantum : Le Maître des rêves. Le Capitaine Quantum y aura affaire directement aux Ulthar, ces félins humanoïdes seulement évoqués dans la première saison, mais c'est un adversaire bien plus redoutable qui l'attend...

lundi 20 mai 2024

Adieu InLibroVeritas et Muple, je vous aimais bien

Il va falloir corriger quelques liens ici même, ainsi que sur mon site perso et mon BookPack : j'ai découvert que les plate-formes d'écriture InLibroVeritas et Muple ne répondent plus. Selon Firefox, impossible de se connecter au serveur pour InLibroVeritas, et impossible de charger la page pour Muple, ce qui n'est pas beaucoup mieux.

J'ai posé la question sur Twitter et Mastodon, sans beaucoup de réactions, et avec pour seule réponse un constat partagé d'inactivité d'InLibroVeritas. Il semble que les deux sites soient morts dans l'indifférence générale.

InLibroVeritas présentait d'ailleurs des signes peu encourageants depuis plusieurs années, visiblement dus à l'éloignement ou au désintérêt de son créateur. Forum non modéré et ouvert à tous les trolls et autres illuminés (et il y en a eu des gratiné(e)s), bugs de téléversement des textes qui donnaient des livres vides, tout cela avait contribué à m'éloigner du site. Le compte Twitter associé n'a d'ailleurs plus de message à son actif depuis 2016, et les livres édités par InLibroVeritas ne semblent plus disponibles en librairie non plus.

Je ne suis pas certaine du moment exact où InLibroVeritas a lâché, mais pour Muple, j'en ai une idée un peu plus précise : il fonctionnait encore le 30 mars 2024, date à laquelle j'y ai ajouté La planète menace. Là aussi, le compte Twitter n'est plus actif, depuis 2022. De plus, à ses débuts Muple envoyait des emails sur les découvertes du mois (dont Moortopia a même fait partie), ce qui n'est plus le cas et tend à démontrer que comme pour InLibroVeritas, la plate-forme a probablement été abandonnée par ses créateurs, et a continué de tourner en "roue libre" jusqu'à l'inévitable fin.

Si Muple n'était qu'une annexe pour moi et n'a jamais attiré beaucoup de retours sur mes textes, je suis triste de la fin d'InLibroVeritas, qui est la première plate-forme de publication sur laquelle je m'étais vraiment investie, et qui avait accueilli mes textes depuis Cyber-Arena. Atramenta (qui est d'ailleurs un fork d'InLibroVeritas à l'origine) a pris le relais, et continue de fonctionner, mais pour combien de temps ? Est-ce bientôt la fin de ces plate-formes d'écriture et de publication en ligne ?

RIP InLibroVeritas et Muple, petits anges partis trop tôt... - Par Infrogmation, CC BY 2.5 [https://creativecommons.org/licenses/by/2.5], via Wikimedia Commons

lundi 12 septembre 2022

Les derniers exemplaires de "L'étrange affaire Nottinger"

Comme vous le savez peut-être, L'étrange affaire Nottinger avait été initialement publié en papier et en numérique chez Mü éditions. Par la suite, Mü a été racheté par les éditions Mnémos pour devenir "Continent Mü", et les livres déjà publiés ont fait l'objet d'une republication en numérique uniquement, estampillée Mnémos : cela a été le cas pour L'étrange affaire Nottinger ainsi que pour Le don d'Osiris publié quelques années plus tôt.

Cependant il restait des exemplaires papier qui ont continué d'être distribués tant qu'il y en avait, et cela ne risquait pas de manquer comme je l'ai appris par la suite. Mais la fusion des deux entreprises se poursuivait pendant ce temps, et le moment est arrivé où la société Mü éditions a dû disparaître complètement. Ce qui a eu pour conséquence de rendre caducs les contrats d'édition, ceux de Mnémos courent évidemment toujours jusqu'à nouvel ordre, mais pas ceux de Mü éditions (on ne peut plus avoir d'engagement avec une entité qui n'existe plus)...

Problème, si les contrats ne sont plus valides, les livres existent toujours, eux. Ils sont même nombreux puisqu'il en restait plus de 140 exemplaires sur un tirage qui ne devait pas en comporter des milliers à la base. Des exemplaires pour lesquels, faute de contrat encore valide, il n'y avait plus que deux options : les renvoyer à l'auteur ou les mettre au pilon.

J'aurais aimé récupérer tous ces exemplaires, mais je ne me fais pas d'illusions : il aurait été impossible d'en vendre autant par moi-même, je n'aurais fait que retarder l'inévitable en les rangeant dans un coin de ma cave où ils auraient fini par se dégrader. Je n'en ai donc récupéré que 15, ce qui fait déjà une jolie petite caisse, et j'ai dû me résoudre à laisser le reste partir au pilon, avec encore une fois la sensation d'un immense gâchis : L'étrange affaire Nottinger a été publié en 2018, et donc 4 ans après il en restait tous ces exemplaires qui n'ont su intéresser personne. A proportion, les rééditions numériques par Mnémos ont eu plus de succès, encore est-ce probablement dû à l'OP All Stars lancée à chaque début d'été qui leur permet de vendre certains livres numériques à des prix défiant toute concurrence, mais au moins ils se sont vendus.

Il est vrai que par le passé, j'ai dit que comme j'ai déjà du mal à trouver un éditeur qui accepte de me publier, en exiger d'autres choses est un luxe que je ne peux pas me permettre. Mais pour la prochaine fois (pour La Vierge de métal ?) j'ajouterai quand même à la liste de mes exigences qu'il soit en mesure de vendre le livre correctement et qu'il ne soit pas liquidé au bout de quelques années.

Les derniers exemplaires de L'étrange affaire Nottinger encore existants. Il y a aussi ceux qui ont été vendus, mais ils sont si peu nombreux...

A présent, même si 15 exemplaires ne représentent que peu de choses, il me reste à décider ce que je vais en faire. Si je trouve une place pas trop chère dans un salon littéraire orienté imaginaire (je n'ai plus d'éditeur pour m'y inviter maintenant, déjà que je n'ai pas été invitée tous les ans, ayant été finalement écartée au profit des nouveaux auteurs...), il se pourrait que j'aille y faire un tour.

Peut-être qu'un ou deux exemplaires serviront de lots pour un prochain concours, même si je n'ai pas d'occasion d'en lancer un pour le moment.

Vous pouvez aussi m'acheter directement un exemplaire, je me ferai même un plaisir de vous le dédicacer (ou de le dédicacer à un(e) de vos proches). N'hésitez pas à me contacter par e-mail cl.billaud@gmail.com et je répondrai à tout le monde ! Profitez-en, il n'y aura pas de nouveaux stocks après celui-là...

mardi 1 juin 2021

Arrêtez de faire vos devoirs sur Wikipédia... et surtout, arrêtez de demander à vos élèves de le faire

J'avais parlé il y a un moment des stagiaires (et salariés) dans la tourmente de Wikipédia, mais il n'y a pas que le monde du travail. Avec celui de l'éducation, on voit aussi passer des choses pas tristes (et généralement pas encyclopédiques) sur Wikipédia.

Avant toute chose, oui, Wikipédia est ouverte aux lycéens et étudiants. Il est même possible d'y mener des projets pédagogiques, ce qui arrive régulièrement. Encore faut-il les mener d'une manière correcte qui entre dans les règles et les principes de l'encyclopédie.

Je ne reviendrai pas sur l'histoire "classique" des élèves qui font leurs devoirs ou leurs exposés en copiant-collant depuis Wikipédia et qui, pour ne pas se faire repérer, dégradent l'article original voire tentent carrément de le supprimer. Même quand il s'agit d'ajouter du contenu sur Wikipédia, la dégradation n'est jamais très loin, et je ne parle pas des ajouts de type "pipi caca prout" très prisés des collégiens (et surtout très révélateurs de la maturité de leurs auteurs)...

Parfois il y a des élèves qui veulent vraiment bien faire, mais leur définition de "bien faire" n'est pas toujours compatible avec celle de l'encyclopédie.

Personnellement, je serais d'avis de ne jamais demander de faire des devoirs notés sur Wikipédia, et encore moins des examens.

Je rappelle que Wikipédia n'est pas affiliée à l'éducation nationale de quelque pays que ce soit, et n'a donc aucune obligation d'héberger des devoirs ou des examens. Pour Wikipédia, peu importe que ce soit noté ou que cela compte pour la validation de l'année : si ça n'entre pas dans les critères de l'encyclopédie, ça n'a rien à y faire.

Et c'est justement là que commence le problème.

Pour les élèves, la seule chose qui compte à la fin c'est leur note. A moins de n'en avoir rien à faire, ils en veulent une bonne, à tout le moins éviter le zéro fatidique, et les règles de Wikipédia et même les conseils éventuels qu'on leur donne tendent à passer à la trappe devant cet objectif. J'ai vu passer des tas de demandes de restauration dont le message ressemblait à "laissez-le au moins jusqu'à lundi, c'est noté et ça compte pour mon évaluation, si l'article n'est pas là j'aurai zéro". Les administrateurs de Wikipédia sont conscients de ces problèmes, mais il y a des règles sur Wikipédia et il n'est pas possible de s'en affranchir quel que soit l'enjeu derrière.

Les élèves peuvent alors céder à la tentation de tricher avec les règles de Wikipédia, typiquement en recréant eux-mêmes l'article le jour de leur évaluation et en espérant qu'il restera assez longtemps pour que la sacro-sainte note tombe en leur faveur, et après cela, le déluge. Que ce stratagème réussisse ou non, il est très peu apprécié des bénévoles de Wikipédia qui doivent, eux, prendre du temps pour vérifier et supprimer ces articles dont même les créateurs ne s'occuperont plus. Car beaucoup d'entre eux finissent par être supprimés, entre ceux qui reprennent des articles déjà existants en moins bien, ceux qui rédigent leurs articles comme des travaux scolaires et n'ont ni le bon ton ni les bonnes sources, voire ceux qui tentent d'y arriver sans trop se casser la tête et qui disent "je n'avais pas d'idée donc j'ai fait un article sur moi" (véridique)...

Mais faut-il pour autant tout mettre sur le dos des élèves ? Non, les professeurs ont largement leur part de responsabilité dans l'histoire.

Car on ne peut pas demander à des élèves de rédiger un article sur Wikipédia sans leur avoir expliqué un minimum comment cela fonctionne et ce qui est attendu d'un article encyclopédique. La page des projets pédagogiques déjà citée contient tout un tutoriel à destination des professeurs, indiquant entre autres qu'il est fortement conseillé d'avoir soi-même participé au préalable à Wikipédia afin de comprendre son fonctionnement, et de s'assurer auprès de participants expérimentés que le projet pédagogique envisagé est viable et ne se terminera pas par une suppression massive d'articles hors-sujet.

Evidemment, je ne connais pas les professeurs qui donnent ces sujets de devoirs, et je n'exclus pas que certains élèves n'écoutent pas ou ne comprennent pas les consignes, et foncent bille en tête avec pour seul objectif d'avoir leur note. Mais un projet de cette complexité (car oui, écrire un article sur Wikipédia est complexe, et beaucoup de contributeurs mettent en garde en disant que pour en créer un de toutes pièces, il est préférable d'avoir quelques mois d'expérience voire plus) nécessite un encadrement à la hauteur et ne peut pas se résumer à "choisissez un sujet (éventuellement dans un thème donné) et faites un article sur Wikipédia, je noterai lundi dans 3 semaines".

Je conseillerais donc vivement aux professeurs de ne pas demander aux élèves ce genre de chose, à moins d'être capables de l'encadrer très précisément. Considérer Wikipédia comme un moyen commode d'héberger les devoirs, et lancer les élèves dedans sans préparation suffisante, ne fera que générer de la frustration pour les élèves comme pour les bénévoles de Wikipédia qui devront "nettoyer" derrière. Si on veut faire un projet pédagogique sur Wikipédia qui soit utile et réussi, il faut à mon avis :

  • Avoir soi-même un peu d'expérience sur Wikipédia, avoir modifié voire créé quelques articles. C'est nécessaire pour pouvoir au moins répondre aux questions des élèves.
  • Vérifier soigneusement les sujets choisis avant de commencer l'écriture proprement dite. Avoir éventuellement une liste de sujets susceptibles d'entrer dans les critères, soit à donner dès le départ au choix des élèves, soit en sujets "de secours" si leur premier choix ne semble pas pertinent. Surtout, ne pas leur imposer de sujet qui risque de ne pas être dans les critères.
  • Insister sur l'importance de citer ses sources et ne pas hésiter à travailler avec les élèves sur la recherche de sources pertinentes en bibliothèque ou sur Internet. Cela peut d'ailleurs s'inscrire dans un cadre plus large de sensibilisation à l'information.
  • Suivre très régulièrement le projet et bien expliquer aux élèves qu'ils doivent demander de l'aide en cas de difficulté. Les élèves auront tendance à cacher les problèmes de peur de mal faire ou d'avoir une mauvaise note. Si un article semble être dans une impasse, analyser le problème le plus tôt possible avec les élèves, et proposer autre chose.
  • Idéalement, ne pas noter le projet, ou alors prendre en compte dans la notation (et bien l'expliquer dès le départ) comme indiqué ici, non seulement l'article lui-même, mais aussi la collaboration des élèves entre eux et avec les bénévoles de Wikipédia (par exemple, la non-prise en compte de conseils ou le "forcing" pour recréer un article risquent de diminuer la note).
  • Ne pas hésiter à demander aide et conseil aux bénévoles de Wikipédia spécialisés dans les projets pédagogiques, et même avant de commencer le projet si vous avez des doutes. Certains sont d'ailleurs eux-mêmes des professeurs actifs ou retraités, et donc plus à même de comprendre les problèmes spécifiques à l'enseignement ou à la pédagogie.

Wikipédia est un outil formidable, mais il ne faut pas y faire n'importe quoi ! - Par Kasuga~commonswiki, CC BY-SA 3.0 [http://creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0/], via Wikimedia Commons

lundi 17 août 2020

Attention au "compte d'auteur déguisé" !

J'avais publié en mai dernier un article sur la nécessité de fuir les "maisons d'édition" à compte d'auteur, c'est-à-dire celles qui demandent des frais d'édition (parfois très élevés) à l'auteur, pour un résultat généralement décevant car une fois l'argent encaissé, elles ont eu ce qu'elles voulaient et ne font pas plus d'investissement sur la promotion ou la diffusion du livre.

Même s'il y a toujours des gens pour se faire prendre à ce type de piège, généralement tendu avec pour appât une bonne dose de flatterie sur le livre (quelle que soit sa qualité réelle) et la promesse d'un succès facile, je pense qu'avec toute l'information désormais disponible en ligne, il y a quand même un peu plus de circonspection, et beaucoup d'auteurs, échaudés ou simplement prévenus, y regardent désormais à deux fois. Les maisons ont donc adapté leur stratégie, et certaines pratiquent désormais ce qu'on appelle le compte d'auteur déguisé.

La maison se présente comme à compte d'éditeur, en insistant tellement sur ce point que cela en devient suspect, un peu comme la "République démocratique et populaire de Corée du Nord" : s'il faut le préciser avec autant d'insistance, il y a un loup !

Ce n'est pas le seul élément qui peut vous mettre la puce à l'oreille. Généralement, le compte d'auteur déguisé s'adresse davantage aux auteurs qu'aux lecteurs (ce sont ceux qui leur procurent leurs revenus), leur site regorgera donc d'informations pour publier son manuscrit mais aussi le mettre en page et d'autres conseils, en revanche, on cherchera la rubrique qui présente les livres déjà publiés et pourquoi ils devraient susciter l'intérêt du lecteur. Chez un véritable éditeur à compte d'éditeur, c'est l'inverse : on met en avant les livres publiés, et une rubrique annexe indique comment et sous quelles conditions soumettre son manuscrit.

Ce qui tente de faire passer le compte d'auteur déguisé pour du compte d'éditeur, c'est que contrairement au compte d'auteur qui ne se cache pas, on ne demande pas de frais d'édition à l'auteur. En revanche, au moment de l'établissement du contrat et dans le cadre de la "participation de l'auteur à la promotion de son ouvrage", on demande à l'auteur d'acheter un nombre non négligeable (et non négociable) d'exemplaires, et ce à plein tarif !

La manoeuvre est finalement identique au compte d'auteur, même si le procédé est différent : à travers l'achat de ces exemplaires, qui sont sûrement les seuls réellement imprimés, c'est l'auteur qui paye l'édition. Quant à "l'éditeur", une fois cette formalité acquise, il est rentré dans ses frais et n'a plus aucun intérêt à investir davantage dans le livre pour des résultats incertains. Livre qui n'apparaîtra donc nulle part (parfois même pas sur le site de "l'éditeur") et sera introuvable à part pour les quelques personnes qui le cherchent vraiment ; si du moins elles le cherchent, car il y aura de grandes chances qu'elles fassent partie des destinataires des fameux 50 exemplaires. Pour information, et a contrario, les maisons à compte d'éditeur proposent généralement à l'auteur quelques exemplaires gratuits (le nombre varie selon les moyens et la politique de la maison, le minimum est 1), ainsi que la possibilité d'acheter son ouvrage à un prix réduit exonéré des droits d'auteur.

Une autre variante dont on m'a informée est de demander une "avance" sur les frais d'édition, en promettant qu'elle sera remboursée dès que les ventes du livre l'auront couverte, ce qui ne sera évidemment jamais le cas. Pour information, en compte d'éditeur, l'avance (qui s'appelle "à-valoir") se fait dans l'autre sens : l'éditeur verse à l'auteur une somme fixe convenue dans le contrat au moment de la publication, puis si les droits d'auteur issus de la vente du livre sont supérieurs à cette somme, le reste sera versé au fur et à mesure par la suite. Cet à-valoir est facultatif, et selon leurs moyens ou les risques associés à la publication, tous les éditeurs ne le font pas, mais ce n'est jamais à l'auteur de "prêter" ses futurs revenus.

Dans tous les cas, et quelle que soit la manière de le faire, ne payez pas pour faire éditer votre livre, à moins d'être absolument certains de ce que vous faites. Vous enrichiriez des "éditeurs" douteux à votre détriment et celui de votre livre.

Si vous reconnaissez un compte d'auteur déguisé, fuyez ! - Par Wiki-vr [GFDL (http://www.gnu.org/copyleft/fdl.html), CC-BY-SA-3.0 (http://creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0/)], via Wikimedia Commons


mardi 4 juin 2019

Stagiaires, attention au piège Wikipédia !

L'année scolaire se termine et l'été arrive, c'est le moment des stages et autres petits jobs d'été. Et comme tous les ans, des stagiaires débarquent sur Wikipédia, généralement dans de mauvaises conditions.
Personnellement, je serais d'avis de dire aux stagiaires : si on vous demande d'écrire l'article de "votre" entreprise sur Wikipédia, dites non et demandez poliment qu'on vous attribue une autre mission. Sinon, vous allez vous retrouver dans ce drame en quelques actes :

Acte I : Le texte
Si votre entreprise a décidé de vous "faciliter" les choses, elle vous procurera un texte comme base de travail (mais en vous suggérant de ne pas trop vous en éloigner), texte évidemment préparé par l'équipe marketing et approuvé par la direction, faisant l'éloge de votre entreprise "leader dans son domaine" (elles sont toutes leaders, à tel point qu'on cherche même où sont les N°2). Sinon, on vous suggérera de vous inspirer du site web de l'entreprise, il y a tout ce qu'il faut et la direction connaît bien le contenu.
Si vous vous êtes un peu renseigné sur Wikipédia, vous proposerez le texte au forum de relecture qui est spécialement destiné à jeter un coup d’œil aux brouillons d'articles en devenir. Vous attendrez la relecture en vous disant que ce ne sera qu'une formalité, jusqu'au moment où le couperet tombera : texte pas neutre, absence de sources externes sur l'entreprise, voire violation de copyright du site (sur Wikipédia, le pseudonymat est de rigueur et on ne peut pas savoir si vous êtes bien un stagiaire autorisé à recopier le site, ou si vous vous faites passer pour tel !), bref, votre texte n'est absolument pas publiable tel quel. On vous indiquera sûrement quoi faire pour l'améliorer, mais cela impliquera presque toujours de tout jeter et de refaire complètement l'article.

Acte II : La disparition
Vous signalez le problème à votre responsable mais il/elle insiste pour que le texte approuvé par la direction soit publié. Ou, ne voulant pas d'ennuis, vous voudrez faire ce qu'on vous demande et publier le texte quand même. Ou tout simplement, l'acte I n'a pas lieu, vous ne passez pas par le forum de relecture et vous créez l'article directement.
Chose promise, chose due : l'article est supprimé, et quand vous le chercherez, vous trouverez une mention de la suppression avec la raison. Ce sera probablement "promotion ou publicité manifeste", "ne répond pas aux critères d'admissibilité", voire les deux. Si vous avez copié le site, vous aurez en prime "violation de copyright", et si vous avez fait un copier-coller d'un pavé sans utiliser le formatage propre à Wikipédia, il y aura aussi "test de débutant", "bac à sable" ou encore "texte incompréhensible".
Panique à bord : non seulement votre entreprise n'aura pas d'article, mais il est désormais possible qu'en la cherchant sur Internet, on trouve ces mentions de suppression !

Acte III : Le négociateur
Il vous faut restaurer l'article sous peine de voir votre stage tourner en eau de boudin. Pas de panique, il est possible de demander sa restauration. Si vous ne connaissez pas cette page et que vous essayez de republier l'article en vous disant qu'au bout de la 4e ou 5e fois ça passera, on vous y dirigera, si on ne vous bloque pas avant.
Mais restaurer un article ne se fait pas n'importe comment. Pour que votre demande ait une chance d'aboutir, il vous faudra présenter des articles de presse parlant de votre entreprise et prouvant ainsi qu'elle a déjà une notoriété suffisante pour respecter les critères. Si vous travaillez dans une PME d'emballage lambda à Trifouilly-les-Oies dont aucun journal autre que local n'a jugé bon de parler, qu'importe qu'elle fasse bien ses emballages, elle n'est pas dans les critères...
N'oubliez pas que les administrateurs de Wikipédia voient passer des dizaines de demandes par semaine et ne sont pas nés de la dernière pluie. Vous donner des airs d'autorité, déclarer que cet article est URGENT ou menacer de faire intervenir un avocat qui n'existe pas est le meilleur moyen de vous faire bloquer et de faire bloquer la création de l'article pendant longtemps. La seule trace qui restera de l'entreprise dans Wikipédia sera votre demande ridicule, qui fera encore plus de mal à l'entreprise. Elle pourra toujours dire que c'est l'initiative d'un stagiaire, le prétexte a tellement été utilisé que plus personne n'y croit.
Inutile également de jouer la carte de la pitié et de dire que votre stage ne sera pas validé si l'article ne passe pas. Même si c'est vrai, les règles d'admissibilité de Wikipédia ont été établies depuis longtemps, et elles ne vont pas changer à chaque fois qu'un stagiaire (ou même un salarié) est sur la sellette. Tout ce qu'on pourra vous conseiller, c'est d'essayer d'expliquer à vos responsables pourquoi ce n'est pas possible, et de leur demander encore une fois une autre mission pour votre stage.

Acte IV : La dernière croisade
Tout a échoué. La demande de restauration a été refusée, vos responsables ne comprennent pas le fonctionnement de Wikipédia et insistent pour que l'article soit publié, ou ils ne sont pas au courant parce que vous n'osez pas le leur dire. Vendredi matin sans faute, aura lieu la présentation de votre rapport de stage et vous devrez montrer l'article sur Wikipédia.
Mais vous savez qu'il y a des modifications de Wikipédia toutes les secondes et qu'il n'est pas possible de toutes les vérifier. Vous décidez donc de tenter un dernier coup de bluff.
Jeudi soir, ou plutôt vendredi vers quatre heures du matin, une heure où il y a peu de trafic et où les contributeurs sérieux sont couchés, vous remettez l'article en douce, en priant pour qu'il tienne jusqu'au moment de votre présentation. Après, ce ne sera plus votre problème.
Vous ferez donc votre présentation en essayant de ne pas montrer que vous n'avez pas beaucoup dormi, puis en conclusion, vous montrerez à la direction "votre" article...
Hélas, quelqu'un aura fini par le repérer, et l'aura supprimé, avec la mention "énième recréation d'un article non admissible". Ou alors, en aura retiré une partie mais n'aura pas oublié d'ajouter les avertissements "l'admissibilité est à vérifier" ou "l'article n'est pas rédigé dans un style encyclopédique".
Hurlements de la direction demandant ce que fait cette horreur à la place de "leur" texte. Excuses plates de votre responsable affirmant (sincèrement ou non...) ne pas être au courant de "vos" bêtises. Votre stage ne sera pas validé.

Alors, si vous voulez éviter cette tragédie, dès qu'on vous demande de créer l'article de "votre" entreprise sur Wikipédia, renseignez-vous au préalable, et s'il semble évident qu'elle n'entre pas dans les critères, prenez les devants et expliquez à votre responsable que l'article ne passera pas, et qu'aucune loi ni aucun contrat n'oblige Wikipédia à accepter un article qui ne respecte pas ses règles. C'est difficile puisque vous n'êtes "que" stagiaire, mais en ne le faisant pas, vous ne ferez que repousser l'échéance, et rendre l'échec encore plus difficile à supporter après avoir travaillé pendant tout votre stage : mieux vaut prendre les devants.

samedi 11 août 2018

Le blues de l'écrivain, le retour

Content warning : il est possible que je sois amère et/ou que je m'apitoie sur moi-même dans cet article. A vous de voir si vous avez envie de subir ça ou pas...

Tous les auteurs ont sans doute connu ce genre de moment, mais il se trouve que cette fois c'est mon tour : je viens de subir mon premier refus de manuscrit. Ici, je ne compte volontairement pas les anciens refus, il y a quelques années, de maisons d'édition à qui j'avais envoyé des manuscrits un peu au hasard comme bien des auteurs débutants. Ils n'étaient pas agréables, évidemment, mais ici c'est bien pire, puisque c'est Mü éditions qui, après avoir publié Le don d'Osiris et L'étrange affaire Nottinger, annonce, après de longs mois d'attente, devoir refuser Moortopia.
Même si je pense que la sentence aurait pu tomber bien plus tôt, je remercie quand même Davy d'avoir attendu que mon anniversaire soit passé histoire de ne pas le gâcher. Lui-même, il faut bien le dire, était clairement gêné de devoir m'annoncer ce refus, et insistait sur le fait qu'il ne ferme pas complètement la porte à Moortopia ou au reste, à condition que j'améliore mon écriture.
Une nouvelle difficile à encaisser après avoir publié deux romans, même au succès relatif, sans parler du fait qu'elle coïncide apparemment avec une critique peu élogieuse de L'étrange affaire Nottinger (si vous voyez de quoi il s'agit, merci de ne pas m'en envoyer ni le lien ni le contenu, je n'en ai pas besoin, et ceux qui l'ont publiée sont d'ores et déjà dans ma liste noire personnelle comme tous les rares auteurs de critiques négatives de mes livres). Je ne sais pas dans quelle mesure cette critique a influencé le refus de Moortopia et je crois que je préfère ne pas savoir.
La principale question sous-jacente est de savoir si je suis prête (je laisse pour l'instant de côté la question d'en être capable) à améliorer en profondeur mon écriture ? Elle est au cœur du problème pour une raison toute simple : pour moi, écrire est avant tout un plaisir et j'entends que cela reste ainsi. S'il s'agit de refaire toujours les mêmes choses, parfois jusqu'à l'ennui ou à l’écœurement, avec des gens insatisfaits face à moi, j'ai mon autre travail, et quoi qu'on puisse dire dessus, il a l'avantage d'être payé des milles et des cents. Quoi qu'il arrive, je ne veux pas que mon activité d'autrice finisse par ressembler à ça alors qu'elle n'aura probablement jamais la même compensation.
A partir de là, deux choix s'offrent à moi : soit tenter effectivement de m'améliorer en espérant que cela ne finira pas comme je le décris plus haut, soit me concentrer sur ce qui me plaît et me plaira toujours, à savoir écrire sans me soucier plus que cela de la qualité, et retourner quelque temps dans le "circuit" amateur avec Atramenta.
Après avoir goûté à la publication, aucun des deux ne me satisfait tout à fait. J'ai cependant tenté de reprendre l'écriture de La Légende de Thaalia en gardant bien à l'esprit qu'il n'y a aucun objectif en jeu et que ce n'est pas grave si le scénario s'écrit un peu au fur et à mesure.
Et histoire de bien enfoncer le clou, coup de théâtre : le contrat de publication d'Alva & Eini sur Atramenta, dont j'avais un peu oublié la date de début et la durée, se termine dans 3 mois. J'ai la possibilité de le renouveler, et contrairement à l'autre, cela ne me coûtera a priori qu'un peu d'argent, mais là aussi se pose la question du "à quoi bon". La dernière vente d'Alva & Eini en version papier remonte à 2014, la version e-book (moins chère) résiste un peu mieux avec quelques ventes début 2018, mais là encore on ne peut pas dire que le succès a été au rendez-vous. (D'ailleurs, si vous voulez acheter Alva & Eini mais que vous hésitez, je vous conseille de le faire maintenant, dans 3 mois ce sera peut-être trop tard.)
Je n'arrive pas à me décider sur aucune des deux questions pour le moment, tout ce que je sais c'est que j'ai déjà versé des larmes à cause de tout cela parce que l'écriture me tient à cœur, et que ce n'est peut-être pas encore terminé (il n'y a pas que Churchill pour promettre du sang et des larmes). Tous les messages de soutien, conseils avisés que ce soit dans n'importe quelle direction sont les bienvenus, et pour ceux qui voudraient profiter de cette période de doutes pour m'attaquer, sachez que ma liste noire personnelle est extensible.
"Mélancolie", Edgar Degas [Domaine public], via Wikimedia Commons

mardi 24 avril 2018

Non, mesdames et messieurs les plagiaires, vous ne flattez personne...

Je suis tombée au hasard des réseaux sociaux sur un article de Sciences et Avenir indiquant que cet excellent magazine scientifique, ainsi que d'autres journaux, a fait l'objet d'un plagiat massif : https://www.sciencesetavenir.fr/sante/piratage-sciences-et-avenir-pille-par-chronimed-le-groupe-de-medecins-du-pr-luc-montagnier_123320
De nombreux articles ont été intégralement copiés, à l'exception bien sûr du nom de leurs auteurs, qui ont été tout simplement remplacés par celui d'un membre du site copieur. Face à l'ampleur des dégâts, Sciences et Avenir a bien évidemment contacté le site en question, qui annonce d'abord :
"Je n'ai pas eu conscience d'un plagiat et vous présente donc toutes mes excuses (...) Il s'agissait de partager une information dans mon esprit, sans aucune activité commerciale."
Une première excuse qui laisse dubitatif, car s'il s'agissait réellement de "partager une information", il est étrange que la seule information qui ne soit pas "partagée" là-dedans soit le nom de l'auteur original, effacé au profit de celui du copieur. Mais une autre réponse plus loin met le feu aux poudres :
"Je pense que c'est plutôt flatteur pour vous qu'un article soit signalé (et non piraté) cela démontre son intérêt."
On a affaire là à l'excuse typique, qu'il s'agisse de reprise de textes scientifiques ou littéraires, des plagiaires pris la main dans le sac, qui essaient de s'en sortir la tête haute, voire en rabaissant la victime du plagiat, qui s'énerve pour rien alors qu'elle devrait se sentir "flattée" que quelqu'un daigne utiliser ses écrits.

Alors, une bonne fois pour toutes, mesdames et messieurs les plagiaires : NON, vous ne "flattez" personne en reprenant leurs écrits à votre profit. Pas plus que vous ne "flatteriez" quelqu'un en lui prenant ses affaires et en prétendant qu'elles sont à vous. Dans les deux cas, c'est du vol.
Vous estimer "meilleur" (selon quels critères, surtout si vos œuvres proviennent de plagiats ?) ou simplement plus connu que la victime n'est pas non plus une excuse valable. Les droits d'auteur ne se mesurent pas à la notoriété ou au rang social de l'auteur (même si dans la pratique, malheureusement, c'est souvent celui qui peut recruter les meilleurs avocats qui gagne, mais c'est un autre débat).
En parlant de visibilité, une autre excuse amplement utilisée pour s'approprier le travail de quelqu'un d'autre, NON, vous ne donnez aucune visibilité à l'auteur original en le plagiant, puisque vous supprimez son nom au profit du vôtre. Le seul moyen pour lui de regagner la visibilité en question, c'est de vous dénoncer comme plagiaire, ce qui n'est drôle ni pour lui ni pour vous, et que vous pourriez si facilement éviter en... ne plagiant pas.
Évitez aussi de tenter d'inviter le plagié à un peu plus de "modestie" en déclarant qu'il en fait des tonnes pour un travail qui n'est pas si bon. Avant que le plagiat ne soit révélé, il était assez bon pour que vous tentiez de le faire passer pour le vôtre.

Bref, le mieux c'est encore de ne pas plagier. Si vous n'êtes pas capable d'écrire un article, une nouvelle, un livre... ce n'est pas si grave, bien des gens en sont incapables. Mais tenter de faire croire que vous l'êtes en vous appropriant le travail d'un autre, c'est illégal, moralement inacceptable, et dangereux pour votre crédibilité...

lundi 2 avril 2018

"L'étrange affaire Nottinger" : fin du concours

Le 31 mars s'est terminé le concours de L'étrange affaire Nottinger, prolongé après une date de clôture initialement fixée au 14 mars pour la sortie du livre. Et j'ai le "plaisir" d'annoncer qu'il y a...

0 gagnant. Non pas parce que j'ai été trop sévère dans la sélection des participations, mais parce qu'il y avait tout simplement... 0 participation.

J'aimerais comprendre pourquoi il n'y a eu aucune participation. OK, cela demandait un petit effort d'écriture ou de dessin, mais je trouvais ça plus intéressant que de faire un énième concours de "RT + follow" comme on en trouve des tonnes sur les réseaux sociaux. OK, ça demandait aussi de connaître un peu mes œuvres et les personnages qui s'y trouvent, mais mon BookPack en contient un certain nombre, disponibles gratuitement, sans DRM et sans délai, et j'avais indiqué sa présence dès le début. OK, ça demandait un certain temps, mais le concours était actif depuis le 7 janvier, ce qui laissait pas moins de 90 jours (prolongation comprise) pour participer.
Je me suis aussi demandé si le concours n'était pas assez visible, mais son article a été vu plus de 350 fois (plus exactement 383 à ce jour), ce qui, même si ce n'est pas une ruée, en fait l'article le plus lu de mon blog toutes catégories confondues.
Devant ce silence que je n'explique pas, j'espère donc que quelqu'un éclairera ma lanterne sur ce qui n'allait pas avec ce concours. Ne serait-ce que pour que le prochain que je lancerai (si du moins j'ai le courage d'en relancer un) ait un peu plus de 0 participation (voyons le bon côté des choses : on peut difficilement faire moins).
En attendant, je garde mes exemplaires de L'étrange affaire Nottinger. Dommage que tout le monde ait raté sa chance de les avoir gratuitement et avec une dédicace. Je remercie cependant "Mado" et "Francette", qui ont envoyé une tentative de participation gentille quoique hors sujet, et qui ont eu droit à un exemplaire dédicacé en-dehors du concours.
Moi à la recherche des participations au concours, allégorie - Par Bashar Shglila (travail personnel) [CC BY-SA 4.0 (https://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0)], via Wikimedia Commons

lundi 16 octobre 2017

Pas de NaNoWriMo cette année

Après De Charybde en Scylla en 2014, Dead End City en 2015 et La Passion et l'Opéra en 2016, la question se posait dès fin novembre 2016 de savoir si j'allais retenter le NaNoWriMo cette année. Je n'étais pas certaine de l'écriture d'un nouveau roman (avec ou sans scénario Lycéenne RPG à la base), mais j'envisageais quand même d'y participer, quitte à le faire en mode "NaNo Rebel", c'est-à-dire ne pas écrire un roman complet en démarrant de rien comme les "puristes", mais ajouter du contenu à un ou plusieurs romans déjà existants ou non, et arriver finalement à 50000 mots un peu plus disséminés que les années précédentes.
Mais L'étrange affaire Nottinger est toujours là. Ce roman qui s'apparente de plus en plus à un projet maudit (en même temps, pour du "lovecraftien", ça a quelque chose de normal) n'est toujours pas publié, et la phase de corrections est toujours imminente depuis un moment déjà.
Malgré les problèmes rencontrés par mon éditeur, le texte serait déjà entre les mains d'une correctrice et des nouvelles seraient toujours attendues pour octobre. Seulement voilà : quand en octobre ? Nous sommes déjà à la mi-octobre, ce qui exclut déjà pas mal de jours, mais rien ne m'indique à quel moment d'octobre je dois m'y attendre, ni même si octobre est réellement toujours d'actualité : faute de réponse de l'éditeur, je ne sais rien et tout peut être envisageable, y compris qu'il n'ait pas pu payer la correctrice et qu'elle ait donc laissé tomber le texte jusqu'à nouvel ordre (de paiement).
Face à un tel manque d'information, la tentation est grande de tout laisser tomber pendant un mois sans rien dire, histoire de montrer ce que ça fait de n'avoir aucune visibilité à ceux qui me laissent dans le flou. Mais je sais qu'au final, ce sera L'étrange affaire Nottinger qui en pâtira, alors qu'il y a déjà eu bien trop de retards sur ce projet à cause de différents problèmes.
Alors, pas de NaNoWriMo cette année, au cas où L'étrange affaire Nottinger se déciderait enfin à refaire surface. En attendant, je reprends l'écriture de Duncan Blackthorne et l'Ombre du Rex Ka et peut-être d'autres projets s'ils me viennent à l'idée...

mercredi 20 septembre 2017

Le blues de l'écrivain

Ceux qui suivent mon blog savent que je suis éditée chez Le Peuple de Mü, ceux qui le suivent vraiment de près savent qu'il y a eu des déboires entre l'éditeur et son diffuseur-distributeur. Déboires qui ont débouché sur un procès maintes fois reporté et finalement jugé.
Apparemment ce procès n'a pas aidé l'éditeur. En effet, celui-ci, après m'avoir demandé de faire le brouillon d'un article Wikipédia pour sa maison et avoir ensuite maintenu le silence radio pendant 3 semaines alors que je lui demandais des documents indispensables pour terminer l'article, a fini par réagir à mon dernier message (il faut que je m'impatiente et que je m'énerve pour qu'il réagisse... je vais finir par croire que ça ne sert à rien d'être gentil)... pour annoncer de nouveaux problèmes financiers, et de gros changements à venir.
Il n'y a rien de précis d'annoncé là-dedans, une annonce plus précise doit venir plus tard, mais je ne suis pas dupe : je me doute bien que la sortie de L'étrange affaire Nottinger va être compromise. Au mieux reportée (alors qu'elle avait déjà pris bien du retard à cause de problèmes techniques de communication), au pire annulée faute de moyens.
A un moment où je me motive difficilement à relire Moortopia, et alors qu'après une longue période sans publication, j'attendais avec impatience la sortie de L'étrange affaire Nottinger et de la réédition du Don d'Osiris, inutile de dire que cette nouvelle tombe très mal. Et que même dans le cas où ces sorties seraient maintenues avec pas ou peu de retard, ça resterait un coup dur pour ma motivation.
Sans vouloir jouer les pleureuses, cette nouvelle n'est au fond qu'une nouvelle goutte dans le vase des trop nombreuses preuves que personne ne s'intéresse à ce que j'écris, et si même l'éditeur me lâche, sera-ce la goutte qui fera déborder le susdit vase ?
Il existe sûrement d'autres éditeurs de littératures de l'imaginaire si je ne peux plus continuer avec celui-là, mais je deviens lasse de chercher, sans parler de la crainte de penser tomber sur un bon éditeur, et d'avoir raison sur certains points... mais sur d'autres, me retrouver en position de dernière roue du carrosse, pas beaucoup plus lue que sur Atramenta et à la merci des problèmes financiers d'une petite maison d'édition.
J'espère que quelqu'un me détrompera. Sur n'importe lequel des points sus-cités. En attendant, j'arrête ici cet article car je suis lasse aussi de parler (et d'écrire) dans le vide.

jeudi 2 février 2017

Boycotter un livre, une atteinte à la liberté d'expression ?

(Spoiler pour ceux qui ne veulent pas lire : non.)

J'ai vu passer, à l'occasion d'articles dans la presse littéraire, des auteurs (souvent de bords politiques qu'il paraît qu'il ne faut pas évoquer de peur de friser le point Godwin) ayant vu la sortie de leur livre boycottée, et qui s'insurgent au nom de la liberté d'expression. Le pire étant que certains articles, consciemment ou non, sont présentés de manière à laisser entendre que leur requête est légitime.
Alors qu'en réalité...
Cette BD de l'excellent site xkcd résume bien ce que la liberté d'expression couvre et ne couvre pas : https://xkcd.com/1357/.
Je traduis : "Annonce d'intérêt public : Le droit à la liberté d'expression signifie que le gouvernement ne peut pas vous arrêter pour ce que vous dites. Il ne signifie pas que quelqu'un d'autre doit écouter vos c... ou vous aider à les partager. Le 1er amendement (celui qui garantit la liberté d'expression aux États-Unis, ndt) ne vous protège pas des critiques ou des conséquences de vos paroles. Si on vous crie dessus, si on vous boycotte, si on annule votre spectacle ou si on vous bannit d'une communauté Internet, vos droits à la liberté d'expression ne sont pas bafoués. C'est juste que les gens qui vous écoutent pensent que vous êtes un c... et qu'ils vous demandent de sortir."
Certains jouent la carte de la pseudo-liberté d'expression plus subtilement, en disant qu'on n'empêche pas les idées nauséabondes en les muselant. Sans doute pas. Mais leur donner complaisamment une tribune n'est pas non plus la meilleure stratégie.
Donc : non, boycotter un livre n'est pas une atteinte à la liberté d'expression. L'auteur l'a écrit, il l'a publié, tout cela sans problème, il a déjà eu plus l'occasion de s'exprimer que bien des gens. Demandez-vous plutôt pourquoi on appelle à boycotter des livres de certains bords : tout simplement parce que beaucoup de personnes en ont assez de voir ces idées s'étaler à longueur de temps dans les médias tandis que leurs auteurs se plaignent d'être censurés alors qu'en réalité on leur déroule le tapis rouge, qu'ils ont envie de dépenser leur argent dans tout sauf dans ça, et qu'ils savent que si tout le monde en faisait autant, il y aurait moins de haine dans le monde.
Face à un appel au boycott, la meilleure solution reste le silence. Si l'appel n'était pas justifié, il attirera l'attention sur le livre et augmentera ses ventes. Et s'il l'était... il serait dommage de s'y opposer pour de mauvaises raisons.
Après tout, on ne demande pas de brûler des livres, contrairement à certains... Gravure attribuée à P. Cousturier, 1885 [Domaine public].

samedi 9 avril 2016

Le cinéma français à la moulinette

Je ne m'intéresse pas au cinéma français en temps normal, c'est un peu par hasard que je suis tombée sur cette bande-annonce, et je me demande si je n'aurais pas préféré ne pas la voir (je ne mettrai pas le nom du film ici par charité chrétienne) :
https://www.youtube.com/watch?v=88NkPXfxHdk

Au début, j'ai cru que c'était une parodie, ou un poisson d'avril (même si on est déjà le 9) ce qui aurait à la rigueur été drôle.
Mais il semblerait que ce ne soit pas le cas.
Ce qui signifie qu'on a vraiment filmé et monté, sans jamais se poser de questions apparemment, un jeu d'acteurs aussi mauvais.
Et quand je dis "mauvais", je le pense. Pour être plus précise, j'ai fait du théâtre en amateur pendant quelques années. Et certaines années, jouer seulement moitié aussi mal que ça nous garantissait de ne pas monter sur scène.
Et si même un amateur peut voir que les textes de ce film sont récités, les intonations mornes voire inexistantes, et les acteurs aussi enthousiastes que s'ils lisaient une notice de Doliprane, je me pose des questions sur la réalisation de ce film qui est censée être le fait d'un professionnel. Avant de "se la jouer", les acteurs ne sont-ils pas censés apprendre à "jouer" tout court ? Et les réalisateurs ne sont-ils pas censés les diriger et les faire jouer correctement ?
Ou alors, c'est que les choses sont beaucoup plus graves et que le fait de jouer au cinéma comme on joue (mal) au théâtre est devenu la norme dans les films français. Auquel cas je tiens à les avertir : vous allez perdre votre public. Si le niveau de jeu est équivalent (voire inférieur) à celui des pièces de théâtre amateur et des web-séries, qui coûtent beaucoup moins cher à regarder, il n'y a aucun doute que le public va choisir le moins cher à qualité équivalente.

Ne cherchez pas plus loin pourquoi le cinéma français a du mal à faire des entrées.

Edit 25/04/2016 : ce film a récolté des critiques dithyrambiques qui soit ignorent l'atrocité du jeu d'acteurs, soit le font passer pour un "choix artistique" (enfin il y a des mauvais artistes, un choix artistique n'est pas forcément bon...). Je ne veux pas savoir dans quelle mesure ces critiques ont été payées, et je préfère décerner d'office à ce film le "Gérard du réalisateur ou de l'acteur qui parle de son film comme si c'était le dernier Fellini alors que même toi tu fais mieux avec ton Nokia et trois copains bourrés"...

mercredi 3 février 2016

Rupture de la chaîne du livre

La chaîne du livre, c'est comme la chaîne du froid des aliments : la rompre peut être dangereux.
Et comme pour la chaîne du froid, c'est le magasin ou le distributeur qui la rompt, et ce n'est pas sur lui que retombent les conséquences (pas les plus directes en tout cas).
En l'occurrence, c'est le distributeur/diffuseur qui l'a rompue. Et les conséquences concernent tous ceux (à l'exception notable du distributeur/diffuseur lui-même) qui ont travaillé sur Le Don d'Osiris, à savoir essentiellement moi, mon éditeur, mon correcteur (lui aussi auteur chez Le Peuple de Mü), sans oublier les lecteurs potentiels, qui ne verront peut-être plus Le Don d'Osiris en magasin.
Je dois faire un petit flash-back pour expliquer comment tout a commencé.
Suite à la publication du Don d'Osiris en janvier 2015, j'ai pu participer au Salon du Livre avec mon éditeur et deux autres auteurs. Sur un minuscule stand que certains prenaient pour la réception ou le bar, mais nous y étions. Et à cette occasion, l'éditeur a entamé des négociations avec le distributeur/diffuseur SoBook afin d'améliorer la visibilité de son catalogue en pleine expansion.
Peu de temps après, la nouvelle est tombée à la satisfaction générale : l'accord avec SoBook était signé ! Quelques informations encourageantes sont aussi arrivées par la suite : du travail sur les couvertures et la mise en page en collaboration avec SoBook, une mise en avant du Peuple de Mü dans le catalogue fantasy, une grosse commande chez Auchan... Bref, on ne se voyait pas en haut de l'affiche, mais déjà avec plus de visibilité.
Et à la fin de l'année 2015, ça a été le retour à la réalité. L'éditeur nous annonce de mauvais résultats dus à "l'incompétence du diffuseur". Pas plus de détails, mais la météo est houleuse, l'éditeur parle de grosses pertes sur le dernier quadrimestre.
Puis est arrivé le communiqué de presse officiel aujourd'hui, où nous apprenons que le diffuseur/distributeur semble avoir traité le catalogue du Peuple de Mü par-dessus la jambe, c'est-à-dire en le confiant tout simplement à d'autres sociétés, sans doute pour diminuer les coûts et sans vraiment surveiller la qualité. Résultat, un référencement incomplet, une visibilité quasi-nulle des livres papier, et une grosse perte financière pour l'éditeur comme pour les auteurs qui espéraient vraiment avoir une meilleure chance de faire connaître leurs ouvrages.
J'ai l'impression de voir les centaines de Don d'Osiris et d'autres livres dormant dans un coin alors que personne ne se donne la peine de les distribuer. Du gâchis.
Mais surtout, je suis triste pour mon éditeur qui est quelqu'un de très sympathique, très sincère et qui s'est donné du mal pour donner le meilleur de tous les livres qu'il a édités, et dont les efforts ont été ruinés parce que le maillon suivant de la chaîne du livre n'a pas fait son travail.
La seule bonne nouvelle dans tous cela, c'est qu'il ne compte pas rester sans réagir et qu'il porte plainte contre SoBook. Apparemment d'autres petits éditeurs sont aussi concernés, j'espère qu'ils se porteront partie civile pour donner plus de poids à la plainte.
Et il ne renonce pas. Il compte continuer, quitte à assurer le distribution autrement. En attendant, il nous pose la question à tous : continuer avec lui ou pas malgré l'actualité difficile ?
Je ne me vois pas arrêter maintenant. Heureusement je n'ai pas besoin de mes droits d'auteur pour bien vivre, mais c'est plutôt la question de la visibilité qui me ferait m'arrêter. Même des gens qui voulaient acheter Le Don d'Osiris ont eu des difficultés pour le trouver en librairie, alors il est probable que personne ou presque ne l'ait trouvé par hasard.
Mais il n'y a pas que la visibilité : j'ai quand même eu la chance (et même, je crois, beaucoup de chance) d'avoir trouvé un éditeur à taille humaine et qui se soucie vraiment de ses auteurs. Parce que c'est important pour moi, je ne me vois pas laisser tomber. Sauf s'il s'avère que Le Don d'Osiris lui coûte plus d'argent qu'il n'en rapporte et qu'il serait meilleur pour sa santé financière que j'arrête.
Alors si les petits éditeurs sont importants pour vous, allez voir le catalogue du Peuple de Mü : pas besoin de diffuseur, soutenez-le directement.

Pour en savoir plus:

Chaîne du livre à protéger... - Par Biblioteca Centrală a BM "B.P.Hasdeu" from Chisinau, Moldova (Desfășurarea experimentului pas cu pas...) [CC BY 2.0 (http://creativecommons.org/licenses/by/2.0)], via Wikimedia Commons

mardi 7 mai 2013

Ecrivain, ce n'est pas un "vrai" métier...

Qui, en côtoyant de près ou de loin l'écriture, n'a jamais entendu cette phrase ?
Dès le XVIIe siècle, La Bruyère écrivait pourtant : "C'est un métier de faire un livre comme de faire une pendule". Mais rien n'y faisait, à cette époque comme maintenant, les fabricants de pendules gagnaient quand même en moyenne plus que les auteurs. Les droits d'auteurs n'existaient même pas encore tels qu'on les connaît aujourd'hui : les auteurs devaient vendre leur manuscrit avec ses droits au libraire-imprimeur (les grands groupes d'édition n'existaient pas et les libraires de l'époque cumulaient donc souvent les deux fonctions) qui empochait alors tous les bénéfices de la vente du livre. N'échappaient à ce régime que quelques privilégiés au sens propre du terme, comme Molière qui, grâce à l'appui du roi Louis XIV, voyait ses ouvrages imprimés avec privilège du Roy, ce qui lui garantissait une part des revenus de ses pièces imprimées. C'est de ce privilège que vient le terme de royalties encore bien connu de nos jours.
Cependant le métier d'écrivain était peu considéré, et à cause des faibles revenus qu'il générait, il valait mieux être déjà riche et oisif pour se lancer dans l'aventure. Car vendre les droits de son manuscrit à un imprimeur pouvait être risqué, et même des auteurs célèbres en ont connu les affres : ainsi Jane Austen, à ses débuts dans l'écriture, avait vendu à l'éditeur Benjamin Crosby les droits d'un manuscrit qui devait devenir par la suite Northanger Abbey. Mais malgré la promesse de l'imprimeur de publier rapidement le livre, celui-ci dormit ensuite dans ses tiroirs, sans être publié. Quand Jane Austen commença à connaître le succès avec Raison et Sentiments ou Orgueil et Préjugés, elle voulut republier également ce livre, mais en ayant vendu les droits, elle ne pouvait plus les utiliser même si l'imprimeur n'en faisait pas non plus usage. Elle ne put se sortir de l'affaire qu'en rachetant les droits, avec l'aide financière de ses frères Edward et Henry car elle n'en avait pas elle-même les moyens - elle cumulait deux traits considérés comme des tares à l'époque, celui d'être écrivain et celui d'être une femme seule...
On pourrait croire que les améliorations de la loi sur les droits d'auteur, qui reconnaissent aux auteurs des droits inaliénables sur leurs œuvres et donnent désormais aux éditeurs certaines obligations, notamment verser une part des revenus d'un livre à l'auteur, auraient dû entraîner plus de considération envers le travail de l'écrivain. Et pourtant, à part quelques vedettes qui vivent de leur plume et qu'on accuse régulièrement - à tort ou à raison, là n'est pas le propos - de produire de la mauvaise qualité industrielle, être un écrivain relève presque toujours d'une activité "annexe", qui ne rapporte pas grand-chose quand elle a la chance de rapporter de l'argent, mais attire en revanche inéluctablement la remarque "et sinon, ton vrai métier ?..."
Notons qu'il y a de nombreux métiers en lien avec la littérature, mais que seul l'auteur a droit à ce traitement particulier. Chez les éditeurs, tout le monde, du grand patron à l'ouvrier qui graisse les rotatives, est considéré comme ayant un "vrai" métier. Mais pas l'auteur.
Il y a forcément un lien entre ce manque de considération et le fait que le travail d'auteur rapporte aussi peu. Mais lequel est la cause de l'autre ? Qui est arrivé en premier, l’œuf ou la poule, la poule ou l’œuf ? Difficile de le déterminer.
Toujours est-il que malgré toutes les évolutions du statut d'auteur et des droits associés, il règne toujours dans l'opinion courante un certain mépris pour les auteurs et leurs gains. Il n'est pas rare de voir fleurir dans des commentaires de blogs ou sur des forums des remarques du genre "les auteurs devraient s'estimer heureux de toucher quelque chose", sans doute exacerbées par certaines affaires de réclamations abusives de droits d'auteur. Sauf que ces réclamations abusives sont rarement le fait des auteurs eux-mêmes, mais plutôt des éditeurs ; logique, au fond, puisque ce sont ces derniers qui gagnent le plus d'argent sur une œuvre...
Et s'il n'y avait que l'aspect financier, ce ne serait peut-être pas si grave. Mais le qualificatif d'écrivain, n'étant pas un "vrai" métier, se décline à toutes les sauces, n'importe qui se présentant comme écrivain pour avoir rédigé quelques lignes mal écrites. Si vous ne me croyez pas, essayez de le faire, puis essayez de vous prétendre comptable après avoir fait les comptes personnels d'un ami sur Excel... Dans quelle situation serez-vous le plus cru ?
Vous l'aurez compris, cette situation m'énerve. Et pourtant, il y a peu, j'y ai au moins trouvé une fois un aspect positif. Mon contrat de travail, en effet, m'interdit d'avoir une autre activité professionnelle que celle pour laquelle j'ai été engagée. Mais comme écrivain n'est pas un "vrai" métier, cette clause ne m'empêche pas de publier mes livres...