mercredi 13 mars 2013

L'économie du logiciel libre

Tux, par Larry Ewing, Simon Budig, Anja Gerwinski [Attribution], via Wikimedia Commons
Ce billet fait suite à un certain nombre d'informations fausses ou incomplètes que j'ai pu lire sur Internet. Les logiciels libres sont mal connus, et partant mal compris, ce qui donne lieu à un certain nombre d'amalgames et d'incompréhensions.
Commençons par l'essentiel : qu'est-ce que le logiciel libre ? Un logiciel libre est un logiciel dont le code source est disponible sous une licence libre permettant sa consultation mais aussi sa diffusion et sa modification. Il s'oppose aux logiciels propriétaires (comme Windows) dont le code source n'est jamais divulgué.
Attention, première idée reçue à oublier instantanément : contrairement à ce qu'on croit, le logiciel libre n'est pas forcément gratuit. Cet amalgame s'explique par le mot free, qui signifie "libre" mais qui peut aussi signifier "gratuit" (dans ce cas, on devrait préciser free of charge pour éviter toute ambiguïté).
Autre idée reçue dont il faut se débarrasser : le logiciel libre n'est pas non plus une affaire de geeks qui codent dans leur garage, du moins pas toujours. C'était sans doute le cas à ses débuts, mais une véritable économie s'est mise en place autour du logiciel libre de nos jours.
De grandes entreprises ou organisations comme Canonical (Ubuntu) ou la Mozilla Foundation (Firefox, Thunderbird) chapeautent le développement d'applications libres mondialement connues. Le financement est assuré par des dons de particuliers, des services aux professionnels (installation à grande échelle dans des entreprises ou des administrations, support ...) et aussi par des financements de grandes entreprises. Ces derniers relèvent d'une stratégie gagnant-gagnant : les entreprises s'assurent une alternative aux logiciels propriétaires qu'elles utilisent au cas où ceux-ci leur poseraient problème, et les développeurs et architectes de logiciels libres s'assurent leur salaire.
Car NON, les créateurs de logiciels libres ne sont pas des esclaves consentants qui travaillent pour se faire prendre leurs logiciels gratuitement. Pas plus que les entreprises produisant des logiciels libres ne sont dirigées par des doux rêveurs qui verraient leur affaire péricliter sans financement extérieur. Dans le cas d'entreprises plus petites que les "géants" du logiciel libre dont on a parlé plus haut, les revenus sont assurés par les contrats d'installation et de maintenance, qui sont tout sauf gratuits ; au contraire, étant destinés à des entreprises, ils peuvent atteindre des prix conséquents.
Et en-dehors de ce monde professionnel, il existe aussi bien entendu les amateurs (les geeks dans leur garage). Il s'agit de petites équipes de développeurs, parfois même d'une seule personne, qui consacrent une partie de leur temps libre à leurs projets. Là, il n'est plus question d'argent, quoique pour certains projets populaires comme calibre, des appels aux dons permettent de récolter quelques fonds. La motivation des développeurs est, paradoxalement, avant tout égoïste : à l'origine, ils créent le logiciel ou l'extension de logiciel dont eux-mêmes ont besoin, et s'ils peuvent en faire profiter les autres qui en auraient aussi besoin, tant mieux.
Mais attention, profiter d'un logiciel libre ne se fait pas forcément n'importe comment. S'il existe des licences qui permettent de faire absolument tout ou presque du code source, comme la Creative Commons Zero ou la WTFPL (dont l'unique condition de réutilisation se traduit par "Faites-en ce que vous voulez, j'en ai rien à br***er"), beaucoup demandent de laisser visible le nom ou le pseudonyme des auteurs ainsi que la licence sous laquelle le logiciel est distribué. Effacer ce nom, ou pire le remplacer par le vôtre, en plus d'être légalement une violation de la licence, est très mal vu dans le monde du logiciel libre. Citer un nom n'est pas une chose difficile ni coûteuse, et les auteurs qui tiennent à voir leur nom associé à leur création seront d'autant moins enclins à pardonner à ceux qui ne se donneront même pas la peine de faire ce petit effort ...

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